Deux ans... Cela faisait deux ans- jours pour jours- aujourd'hui que sa mère était morte. Le temps avait filé à une telle vitesse... Et pourtant, Joy avait l'impression de ne pas avoir avancé d'un pouce; comme si son propre temps à elle était resté figé dans le marbre. Impuissante, elle avait la désagréable impression de voir les gens avancer, tout en restant elle-même entravée. Quand cela allait-il cessé? Elle voulait rire sincèrement, bouger, vivre tout simplement à nouveau! Oh bien sur, au quotidien, la jeune fille donnait parfaitement le change; mais à l'intérieur d'elle-même c'était une autre paire de manche. La perte prématurée de celle qui s'était toujours très bien occupée d'elle, avait dévasté la jeune fille au plus profond d'elle-même. Pourtant, il faudrait bien qu'elle arrive à surmonter sa peine et à avancer un jour. Il était injuste que la maladie lui ai si tôt arraché sa mère, mais Joy se rendait bien compte qu'elle était toujours en vie et devait en profiter pour deux. Sa mère n'aurait surement pas voulu la voir se morfondre tout le restant de sa vie; elle en était sure. Mais alors, encore une fois, comment arriverait-elle à sortir de cette sorte de torpeur dans laquelle elle s'était enfermée?

La réponse se trouvait-elle dans cette lettre? Cette lettre qu'elle venait de recevoir de son notaire? La jeune fille regardait la missive en question, comme si cette dernière l'eut mordue, tout en se rappelant les mots de son notaire lorsqu'il la lui avait remise. « Votre mère savait qu'il ne lui restait que peu de temps à vivre, aussi vous avait-elle écrit ceci. La raison pour laquelle je ne vous l'ai pas remise directement, c'est qu'elle m'avait fait promettre d'attendre que vous soyez prête pour lire ceci. Je pense que c'est le cas, à présent. »

Prête? Facile à dire! Elle ne se sentait pas prête du tout! Ce que contenait cette lettre? Elle s'en doutait, seulement elle n'était pas prête à oublier. Joy avait été adoptée, elle le savait- sa mère ne lui ayant jamais caché. Seulement, elle ne lui avait jamais révélé l'identité de ses vrais parents. Elle estimait que sa fille n'était pas encore assez grande que pour connaitre la vérité. N'ayant plus assez de temps à vivre devant elle, elle avait surement du consigner les précieuses informations dans cette lettre. Seulement, Joy ne voulait pas d'une autre famille, non elle voulait Ellen, la seule mère qu'elle ait jamais connue!

Malgré ses résolutions, la demoiselle avait toujours été d'un caractère curieux. Elle finit donc par déchirer l'enveloppe et contempler de manière nostalgique l'écriture familière et rassurante. Quelque peu calmée par l'impression de familiarité, Nhatye commença sa lecture.

Ma petite poupée à moi,

Je vais t'épargner le traditionnel "si tu lis cette lettre... ". Mais dis-moi, depuis combien de temps t'ai-je quitter? Je suis désolée de ne pas avoir su être plus forte, plus forte que la maladie, plus forte pour toi... J'aurais tellement voulu continuer à te voir rire, grandir, tomber amoureuse, te marier, avoir toi-même tes propres enfants... C'est un peu égoïste comme vœux, mais c'était le mien mon cœur. Malheureusement pour moi, mon souhait ne se réalisera pas, n'est ce pas? C'est bien dommage, car je m'en veux de t'avoir laissée derrière moi de la sorte. Tu ne méritais pas de souffrir autant. Et même si je me doute que ce doit être difficile pour toi, je veux que tu sois forte! Même sans mon aide, tu deviendras la jeune femme accomplie et formidable que j'ai toujours su détectée en toi! Quand je te regarde, je vois une magnifique femme, une battante! Tu vas leur montrer qui est la meilleure!

Mais, malgré tout, je sais que tu n'y arriveras pas toujours seule. La vie est ainsi faite, on a besoin des autres pour pouvoir continuer à avancer. Et toi, malgré que tu sois déjà grande et forte, tu as besoin d'une famille. Je sais que notre monde à deux nous suffisait, mais je ne suis plus là. Or tu ne peux porter le monde sur tes épaules seules; acceptes de l'aide. Pour ce faire, je vais te révéler l'identité de ta véritable famille. Enfin, celle de ta sœur- jumelle plus précisément. Pourquoi ne pas te parler de tes parents? Tout simplement parce que ton père est un lâche qui abandonna ta mère avant la naissance; et que ta mère, ma sœur, est morte en vous donnant naissance à ta jumelle et toi. Pour en revenir à ta sœur, Callyopéa, elle a été adoptée par des proches de notre famille qui n'avaient jamais pu avoir d'enfant. J'ignore si elle est au courant d'être une enfant adoptée, aussi je te recommande la prudence. Tu trouveras l'adresse de cette famille au verso de la lettre. Même si je ne peux t'y obliger, je te conseille vivement d'y aller. Ce sont des gens bons qui t'aideront de leur mieux.
Autre chose concernant ta famille: si je n'ai pas eu de contact avec mes propres parents depuis ta naissance, ce n'est pas pour rien. N'essaies pas de les retrouver, trop de secrets et de cadavres sont enterrés dans cette famille de malheur. Toi et ta sœur, vous devez la fuir comme la peste, je t'en conjure.
Je crois que ma lettre touche à sa fin. Néanmoins, laisse moi te dire une dernière chose: tu as été, es et restera la plus belle chose qui me soit jamais arrivée et ma plus grande fierté! Tu es ma fille, et ça personne n'y changera jamais rien! Sois fière de qui tu es et garde toujours la tête haute!

Je t'aime fort!

x.o.x.o., ta maman.

Les yeux embués de larme, Nhatye se fit une promesse! Elle retrouverait sa sœur, mais n'oublierait jamais sa mère. N-Y city, huh? Et bien, c'est partit!