13 JANVIER 2012 - 07H23
« Aller poufiasse c'est le temps de te réveiller! » Je tirai brusquement les rideaux pour y laisser pénétrer la clarté du soleil et par le fait même m’aveugler pendant un bref instant. Je me mis dos à la fenêtre et posa mon regard sur ma colocataire qui vint tirer sa douillette pour s’y enfouir la tête.
« Oh non, pas de ça avec moi. T’as une entrevue pour un job et tu vas y aller. » Je me précipitais, le mot était juste, sur celle-ci et lui sauta dessus. Je me mis à califourchon sur la jeune femme et tira sa douillette pour finalement voir son visage encore tout endormi. Je l’entendis émettre un faible grognement avant de prendre la parole.
« J’ai plus envie d’y aller, tout ce que je veux c’est dormir. » Me dit-elle dans sa magnifique voix tout enrouée par la fatigue. La jeune femme tenta à nouveau de se camoufler sous sa douillette mais je l’arrêtai sec en lui empoignant les poignets et la secouant faiblement.
« Et tout ce que je veux c’est que tu lèves ton petit cul de ce lit et que t’ais à cette entrevue. Allez! » Je me relevai tout en entrainant la jeune femme avec moi. Je ne sais pas par quelle chance, mais j’ai réussi à me relever sans perdre pied et me retrouver face contre sol. Je guidais la jeune femme vers la salle de bain et vins m’adosser contre la porte que j’avais refermée derrière elle.
« Finalement. » Me dis-je dans un soupir.
FLASHBACK
Cette fille-là et moi ça remonte à longtemps, non pas vraiment, ça remonte à il y a un an et demi. Je ne suis pas vraiment du type à sortir dans les bars, mais cette soirée-là, j’avais décidé d’aller rejoindre mon petit-ami, maintenant ex petit-ami, au Maclaren’s. Alors que je venais de mettre le pied dans le bar, je fouillai la place du regard, mais rien. Je me dirigeai vers le bar, commanda une bière et jeta de bref coup d’œil par-dessus mon épaule. Sait-on jamais, j’avais peut-être mal regardé la première fois. C’est alors qu’elle entra en jeu. Je sentis soudainement une présence à mes côtés, croyant que cela pouvait être mon petit ami quoi que la silhouette me fis douter un faible instant et avec raison. Mon sourire se dissipa aussi rapidement qu’il était apparu.
« Wow c’est l’effet que je te fais!? » Me dit-elle pour rigoler avant de me sourire d’une façon sincère et déposer la bière que j’avais commandée quelques minutes plus tôt.
« Le jeune homme là-bas te l’offre. » Elle me pointa l’intéressé et je lui souris faiblement par politesse. Je pris la bière en question et vint en prendre une gorgée. Ça lui apprendra de me laisser en plan alors qu’il m’avait donné rendez-vous ici. Je parlais de mon petit-ami bien sûr. Je jetai à nouveau un bref regard vers le jeune homme qui m’avait offert cette bière et celui-ci semblait être prêt à venir me rejoindre. Lorsque la serveuse s’approcha à nouveau de moi, je l’agrippai et la positionna devant moi pour me cacher du jeune homme.
« Reste avec moi s’il te plait, j’ai pas vraiment envie de discuter avec ce mec. » Je m’attendais à une réponse du genre « Tu crois que j’ai que ça à faire? », mais étonnamment, elle ne fit que me sourire et passa son cabaret sous son bras et se présenta. Elle était nouvelle à New York, c’était son premier job dans la Grosse Pomme et cherchait encore un endroit où habiter. J’étais pratiquement dans la même galère et après quelques bières, je lui sortis quelques conneries.
« Je t’aime bien toi. T’es pas comme les autres filles que je connais. Tu sais quoi, je vais planquer mon petit ami et je suis prête à ce qu’on soit colocataire. » Je n’avais pas non plus l’habitude d’inviter de pure inconnue à venir habiter avec moi sur un coup de tête. Le pire dans tout ça, c’est que j’en avais drôlement le gout et malgré ma spontanéité, elle accepta à ma plus grande surprise.
/FLASHBACK
13 JANVIER 2012 - 16H08
« Pearson à mon bureau. » Il revenait de son heure de lunch. Je redoutais toujours ce moment où il croiserait mon regard ou plutôt mon décolleté puisque c’est ce qui semble l’intéresser le plus dans tout ce que je fais pour lui. C’est un gros pervers dégueu qui me donne envie de gerber chaque fois que je le vois. J’exagère un peu, il n’est pas si horrible que cela. Il est séduisant, c’est vrai, mais pour être franche, il me laisse indifférente. Je n’ai pas cette envie de coucher avec lui que la dernière stagiaire avait et dont je suis sure à 99,8% qu’elle ait réussit son coup. J’entre dans son bureau, droite et en confiance.
« Vous m’avez demandé? » Je déteste ce job de réceptionniste, j’ai l’impression d’être l’esclave de cet homme qui se fou de la moitié de ses employés. Enfin, il n’a pas vraiment l’air de se foutre de moi, mais moi oui.
« Est-ce que vous avez contacté Parker&Parker pour confirmer notre conférence qui doit avoir lieu demain en soirée? » Il a dut me le rappeler cent fois, c’est sûr que je n’ai pas oublié. Je posai mon regard sur mon patron, il était assis au bord de son bureau, me faisant face. Je pouvais sentir son regard me dénudé et un léger frisson me parcouru l’échine.
« Oui c’est déjà fait, il ont confirmé que 16h était parfait. » Je m’approchai malgré moi de l’homme pour y déposer un document qui venait d’être livré.
« Ils vous ont aussi envoyé ces documents pour vous faire part de ce qu’il aimerait aborder lors de cette conférence. » Je sentis soudainement sa main glisser le long de mon dos pour finalement s’arrêter à la limite de mon derrière. C’était déjà trop loin. Je me reculai brusquement et replaça une de mes mèches derrières mon oreilles.
« C’est tout? » Je ne voulais pas aborder ce sujet, je ne voulais pas croire qu’il en était réellement rendu à ce stade et ça m’effrayait un peu pour être franche. Il m’avait déjà fait des avances auparavant, mais jamais il en était venu au physique. Je tentai de garder mon sang froid et encra mon regard dans le sien.
« Vous pourriez venir souper avec moi ce soir? » J’haussai les sourcils, surprise de cette réplique, avant de laisser échapper un faible rire d’agacement mélangé à la nervosité.
« J’en ai assez, je démissionne. » Je retirai l’élastique qui retenait une bonne partie de mes cheveux en une queue de cheval et sortie en trombe de son bureau. J’en avais marre. Je pris rapidement les quelques trucs qui m’appartenait sur le bureau qui servait aussi d’accueil et quitta l’immeuble définitivement.
13 JANVIER 2012 - 19H34
J’étais coucher sur le canapé, un pot de crème glacé en main, je me gavais devant un film merdique dont j’ignorais toujours le titre malgré le fait que cela devait faire une bonne heure que je le regardais. Je me sentais mal. Plus tôt dans la journée j’avais quitté mon emploi sur un coup de tête et c’est comme si je ne savais pas comment me sentir. Je suis contente d’être partie de cet endroit, mais en même temps, j’ai besoin d’un boulot pour avoir un salaire et vivre. Enfin, pas que l’argent manque, au contraire, j’ai assez fait d’économie dans ma vie pour vivre encore quelques mois sans problème, mais quand même. J’entendis soudainement la porte de mon appartement s’ouvrir brusquement. Aucune lumière n’était allumer, seule la télévision faisait office d’éclairage.
« J’AI EU CE PUTAIN D’EMPLOI!!! » Ma colocataire et meilleure amie me rejoignit au salon, tout sourire, elle sautait pratiquement de joie. Je posai mon regard sur celle-ci, un faible sourire apparut automatiquement sur mes lèvres.
« Et dire que tu n’avais même plus envie d’y aller ce matin. » Je me redressai pour lui laisser une place à mes côtés. J’avais tellement envie de lui dire que les rôles étaient maintenant inversés, mais elle semblait si contente d’avoir eu ce job que je lui donnais encore quelques minutes de gloire.
« Ha! Je sais, c’est fou hein. Après avoir démissionné de chez Maclaren’s jamais je n’aurais cru retrouver un emploi si rapidement. » Je dois préciser qu’elle est restée sans emploi pendant plus de trois mois. À ce que j’ai su, elle n’est pas capable de garder un emploi plus d’un an. Elle dit qu’elle se fatigue vite de toujours faire la même chose. J’ai déjà hâte de voir combien de temps elle va endurée ce nouvel emploi.
« Et toi quoi de neuf, raconte. » Je me redressai à nouveau, m’assoyant plus confortablement sur le canapé. Je ne savais pas vraiment comment lui dire. Ce n’était rien de grave, mais c’était la première fois que je me retrouvais sans emploi depuis ma sortie du lycée.
« Rien de spécial… j’ai démissionnée. » J’abaissai mon regard un bref instant avant d’ancrer mon regard dans le sien. Elle avait toujours un faible sourire.
« Arrête de plaisanter. Ça c’est bien passé ta journée? » Elle ne me croyait vraiment pas. J’hochai de la tête avec un air toujours aussi sérieux.
« Non, je suis sérieuse. J’ai vraiment démissionné. Il a recommencé ses avances et j’en ai eu marre. » La jeune femme avait perdu son sourire et vint me serrer contre elle.
« T’as bien fait alors. Ce pervers ne gagnera pas sur toi. » Elle se recula de quelques centimètres pour me regarder à nouveau avec un sourire cette fois.
« J’ai une faim de loup, je ne sais pas pour toi, mais je me commanderais bien du chinois. » Je lui souris, elle savait comment me changer les idées.