« Winnie baisses ta musique s'il te plait ! Ca serait trop te demander peut-être ?! J'essaye de finir mon devoir de maths si tu ne t'en étais pas rendue compte. » Encore une soirée interminable où nous n'étions que toutes les deux. J'avais l'impression que maman n'était pas là, je devais prendre la relève et rappeler sans arrêt à ma soeur certaines règles de bases. On en pouvait pas le nier, on ne se supportait pas. Trop différentes l'une de l'autre, nous ne trouvions jamais un suejt sur lequel être d'accord. Ca finissait toujours par des cris, même si j'essayais de lui faire comprendre gentiment les choses à chaque fois. J'avais même quelques fois l'impression qu'elle le faisait exprès juste pour m'embêter, pour me rappeler que nous étions des jumelles et que je devais la supporter quoiqu'il pouvait arriver. Elle m'ignorait encore une fois. Elle se souciait de sa petite personne avant tout et moi j'étais réellement le cadet de ses soucis, ce qui était toujours très agréable à voir.... J'essayais tant bien que mal de me concentrer mais les écouteurs de ma soeur ne servaient officiellement à rien. J'entendais aussi bien qu'elle alors que je n'étais qu'à un mètre d'elle. Je pouvais continuer pendant longtemps à lui faire des remarques, je savais qu'elle s'en fichait comme de sa première dent de lait... Je n'avais donc pas le choix de prendre le taureau par les cornes et de lui faire comprendre qu'on ne pouvait pas se retrouver toutes les deux dans la même pièce sans que ça finisse en dispute. Je me levai d'un pied ferme et lui retira ses écouteurs avec une assurance telle que je m'impressionnai moi-même. « Clairement ça va pas bien dans ta tête ! Je dérangeais en rien et tu continues malgré tout de me gonfler ! Kirby tu fais chier ! » Elle me regardait tellement de haut et je sentais que je l'avais mise en colère mais il fallait qu'elle imprime une bonne fois pour toute dans son ciboulot qu'elle n'était pas toute seule à vivre dans cet appart, et qu'elle le veuille ou non, elle devait partager l'oxygène avec moi. Je suis sûre que si elle en avait la possibilité elle ne m'en laisserait même pas... «Arrêtes de me parler comme ça, je suis ta soeur ! On t'a jamais appris la politesse ?! » Je supportais pas sa façon de me mettre sur le côté, on avait seulement neuf ans et nos disputes n'avaient jamais été plus explosives. La porte claqua et je savais que tout allait rentrer dans l'ordre. Maman était rentrée. « Ca m'aurait étonné de rentrer et de vous voir toutes sages... Les filles on baisse d'un ton s'il vous plait. Arrêtez de vous prendre la tête. Quel est le problème encore ? » Je ne savais pas comment on finirait sans elle. Elle arrivait toujours à mettre un terme à nos incessantes disputes, en essayant dès que possible de ne donner raison à aucune de nous deux. Elle faisait l'arbitre et parfois je voulais bien croire que ça ne devait pas être facile pour elle. Elle bossait au bar toute la journée et certains soirs, elle devait bien en avoir assez d'être toujours entre nous deux et de devoir faire la police. Seulement c'était notre petit quotidien et je ne le regrettais pas, même si au fond je rêvais que Winnie et moi soyons plus proches.

« Toutes mes condoléances mesdemoiselles. » Ce jour restera à jamais gravé dans ma mémoire et j'aurai préferé ne jamais voir cela. Toutes ces personnes défilaient chez moi et tour à tour, venaient nous présenter leurs condoléances à Winnie et moi. L'enterrement avait été insoutenable, je n'arrivais pas à m'y faire. Pour moi ce n'était qu'un cauchemar et j'avais juste hâte de me réveiller et d'oublier tout ça. C'était trop dur. Nous étions trop jeunes pour devoir faire face à ça. Nous n'étions pas assez matures pour se débrouiller. Nous n'avions que 12 ans et notre mère venait de mourir ! qui pouvait mériter ça ?! Je ne savais pas comment me comporter et comment agir. J'essayais tant bien que mal de garder la tête haute et de garder mon sang froid mais je ne pouvait pas empêcher quelques larmes de couler. Même par rapport à ma soeur, je ne savais pas quelle attitude adopter. Fallait-il que je la console ou que je prenne les choses en main ? Elle ne tenait probablement pas à faire la responsable, c'était mon rôle et je devais attendre qu'ils partent tous pour extérioriser ma peine et ma douleur. La journée était longue et Winnie était introuvable. J'en avais dédut qu'elle avait voulu prendre l'air, ce qui était plutôt une bonne idée alors que l'appartement regorgeait de tristesse. Je venais de finir la vaisselle et je n'hésita pas une seconde à m'étaler sur mon lit. Les sanglots arrivèrent d'eux même, j'avais fait bonne figure toute la journée il était temps que je montre que j'avais mal. Ma mère n'était plus là. Je me sentais terriblement seule. J'avais cette boule au ventre depuis que je l'avais appris qui ne cessait de grossir. Mon avenir semblait à présent tellement incertain maintenant qu'elle n'était plus là que je ne savais plus quoi faire. « Kirby je peux entrer ? » J'essuyais vite les larmes de mes joues et revela la tête, même si je connaissais parfaitement cette voix. Teddy était devant ma porte et il hésitait à rentrer. Nous nous connaissions depuis la maternelle et il était mon meilleur ami. Toujours là pour moi et encore une fois il savait quand j'avais besoin de ses bras. Je hochai la tête et il me serra contre lui. Aucun mot n'avait suffit. Il savait la peine que je ressentais et il savait combien j'avais besoin de lui la tout de suite. Ses bras étaient le deuxième meilleur endroit du monde. Le premier ? Les bras de ma mère.

« Teddy tu crois qu'un jour on se mariera ? » Un jour quasiment comme les autres depuis maintenant quelques semaines. Nous étions chez lui devant la télé. J'étais emmitouflée dans ses bras et je ne povuais pas m'arrêter de sourire. J'étais la plus heureuse à ses côtés. Je m'emballai probablement un peu vite à déjà parler de mariage pourtant je voulais avoir avoir un avenir avec lui. Il suffisait que je sois à ses côtés pour me sentir bien et oublier tout ce qui pouvait me tracasser jusque là. Il était l'homme de ma vie, et ce n'était pas un coup de foudre d'adolescente. J'étais amoureuse de lui et au fond je le savais depuis des années. Un simple baiser avait suffit pour que je m'en rende véritablement compte. Teddy ne répondait pas et d'un coup je me mis un coup de stress toute seule. Peut-être que pour lui, ce n'était qu'une amourette comme les autres, que je n'étais pas celle avec qui il voulait finir ses jours. « T'en dis quoi ? » Je ne pus m'empêcher de relever la tête pour voir son expression. Je commençai à le connaître depuis le temps et ses yeux comme d'habitude finiraient pas le trahir si il essayait de me cacher quelque chose. « Je vois déjà une petite tête brune courir partout dans notre futur loft en criant maman. » Il avait son petit sourire en cooin et il se fichait de moi et de mon côté naïve. «Tu te fous de moi ! J'étais sérieuse moi... » Je m'enfonça un peu plus dans ses bras et je fis la moue. Je n'aimais pas quand il se fichait d emoi, même si il le faisait gentiment. J'avais l'impression qu'il voulait juste éviter le sujet et changer la tournure de la conversation à son avantage. Je sentis sa main se glisser sous mon t-shirt alors qu'il fixait la télévision. « Teddy... Nan... » Je me débattis éperdument alors que je savais très bien que je n'avais aucune chance. Il était plus fort et pouvais faire ce qu'il voulait de mon "beau petit corps fragile" comme il l'appelait. Il avait réussi à m'allonger sur le canapé. Il était sur moi et ses lèvres n'étaient qu'à quelques centimètres des miennes. « Tu pourrais au moins me faire croire que j'ai une chance de gagner... » Il me regardait avec son petit air fier de lui et faisait non de la tête. J'étais raide dingue de lui, je ne pouvais plus le nier. Il faisait battre mon coeur tellement fort... Je n'avais jamais su jusque là que c'était possible. « La seule chose que tu as à garder en tête, c'est que je t'aime Kirby. Comme un fou. » Il arrivait toujours à dire ce que je voulais entendre. Je ne savais absolument pas comment il faisait mais il était une perle rare. Je refusais de lui donner une raison pour qu'il me quitte. Il était parfait. « Tu t'en sors plutôt bien... Je t'aime. » Ses lèvres se rapprochèrent et je l'embrassai comme je le faisais depuis le premier sosir. Avec passion et amour. Je voulais pouvoir le faire jusque la fin de ma vie.

J'entendais au loin mon réveil sonnait. Je tendis le bras pour l'éteindre et me retournai pour retrouver mon homme et me blottir contre lui. Ma main ne touchait que les draps, aucun mari à mes côtés. Mes yeux s'ouvrirent plus vite que prévu. Il était déjà parti ? Sans même me faire un tendre baiser ? Ce n'était pas normal et ça m’inquiétait plus qu'autre chose... Je l'entendis néanmoins arriver dans la chambre. Il était déjà douché, habillé. Mon mari était super canon quand même dès le matin ! Il avait encore sa tartine dans la main. Je supposais donc que je l'avais encore pour moi quelques minutes. « Coucou princesse, bien dormi ? » Il se rapprocha du lit et je me mis juste en face de lui en restant sur mes genoux. Mon visage arrivait au niveau du sien. Nickel pour un tendre baiser à la confiture. « J'aurai préferé me réveiller à tes côtés, quitte à flâner un peu sous la couette avec toi... » Je me sentais tellement bien avec lui mais je refusais de tomber dans une routine de mariés alors qu'il m'avait passé la bague au doigt depuis seulement quelques mois. Je ne voulais pas qu'il se lasse. Je voulais continuer de le voir rire à mes sottises et qu'il me couvre de baisers dans le cou dès que je faisais la cuisine. Je l'aimais et je voulais qu'on ait un avenir ensemble. Je refusais que notre mariage ne dure que quelques mois. Il était l'homme de ma vie et je voulais entretenir cette flamme. « Je ne voulais pas te réveiller... Tu semblais avoir besoin de sommeil après ta quasie nuit blanche d'avant hier. » Je baissais les yeux un peu honteuse. J'avais une dissertation à rendre en cours de macro-économie et j'y avais passé toute ma soirée. Il était d'humeur coquine avant hier mais je lui avais gentiment fait comprendre que ce n'était pas possible... Il avait pas vraiment apprécié sur le coup mais je voulais me rattraper ! Je devais entretenir sa petite flamme. « C'est ça d'avoir épousé une étudiante... Mais je vais me rattraper. Ce soir, tous les deux en amoureux. On fait un petit diner romantique à la maison et après je finirai par te montrer combien je t'aime.. » Je jouais avec son col de chemise et je le regardais avec mon petit air coquin. Si j'avais pu je l'aurai embrassé et lui aurait fait une démonstration de ce que j'avais en tête mais il devait aller au boulot et sa tartine me faisait comprendre que je devais éviter... « Ca me semble être une bonne idée et puis tu dois te rattraper d'avant hier. Tu as intérêt à mettre la barre haute ! » « Je vais vous vendre du rêve monsieur Mosby. » Je lui souria puis l'embrassa tendrement et croqua dans sa tartine. Je partis dans la salle de bains, et juste avant de fermer la porte je lui cria de ne pas oublier de mettre son écharpe car il faisait froid dehors.