« C'est un joli petit garçon! » « Comment mais... Nous... Enfin... C'était censé être une petite fille ? » « Oh, excusez nous monsieur Fawkes, c'était le cordon ombilical! C'est une jolie petite fille, autant pour moi! »

A peine née, et voila qu'ils me prenaient déjà pour un petit garçon. A croire que cette erreur m'a toujours poursuivie par la suite. Quoi qu'il en soit, mes parents me prénommèrent Casey, comme ils l'avaient prévus depuis déjà quelques mois, après une longue et interminable bataille. Car oui vous comprenez, mon père estimait qu'il avait le droit d'avoir son avis sur la question du prénom. Il avait opté pour Capucine, en l'honneur de ma grand-mère. Par chance, ma mère lui avait rapidement fait comprendre que je ne pourrais vivre dans un monde modernisé avec un tel prénom datant de l'époque d'une grand-mère. Bien sûr que ça l'a blessé, mais elle avait raison n'est-ce pas ? Je dois avouer que je l'aurais plutôt mal vécu, mais après tout comme on le dit parfois, on ne choisit pas sa famille. De ce fait, on ne choisit pas non plus son prénom. Je suis donc née à New-York, et à terme. A part l'erreur du petit garçon, tout s'annonçait plutôt bien.

« Casey rend moi mon rouge à lèvres, tout de suite! » « Comment ça, de quel rouge à lèvres tu parles ? Tu dois te tromper Alex'. »

Ah oui, j'oubliais le plus important des détails. Je ne suis pas fille unique, et je n'ai pas été la première descendante de Monsieur et Madame Fawkes. Je suis la petite sœur d'Alexis. Elle a pris soin de moi durant toute mon enfance, notamment quand nos parents n'avaient soit disant "pas le temps", surchargés par le travail. Ça non plus, je ne l'ai jamais vraiment compris, après tout ça n'était pas à Alexis d'assumer une telle responsabilité. Quoi qu'il en soit, cela a permis de nous rapprocher, et je dois avouer que je l'ai toujours admirée. C'est bien connu, on prend toujours sa grande sœur comme un certain... Modèle. A part ces quelques problèmes de rouge à lèvres volés, nous avons partagé une très belle enfance, au sein d'une famille aisée. Mais il y a toujours un hic.

« Casey, on t'avait dit 23 heures au plus tard, il est exactement 3h21. » « C'est bon, vous allez pas en faire un plat quand même, je suis vivante vous avez vu ? »

Il a fallut qu'arrive la période de l'adolescence. Et elle fut riche en émotions pour ma part. Car, comme la plupart de mes amis, je pris soin de transgresser toutes les règles de mes parents, sûrement pour leur faire comprendre qu'ils n'étaient pas assez présent pour me disputer. En effet, ce fut bien souvent Alexis qui prit soin de me rappeler à l'ordre, quand mes parents étaient à l'étranger pour "affaires". C'est à cette époque que j'ai commencé à toucher un peu à l'alcool, et j'ai testé comme beaucoup la drogue. Sauf que je n'y étais pas totalement accro, disons que ça aidait pour passer de bonnes soirées, rien de plus. N'oublions pas que ce fut à cette époque que je me pris de passion pour la photographie, suite à un stage avec un des amis de papa et maman. A 16 ans à peine, j'étais déjà consciente de mon destin, je serais photographe, et rien d'autre.

« Putain Casey t'abuses. T'as vu dans l'état que t'es, t'as bu quoi encore ? » « Hey, pas de panique ok ? Oh, t'as vu, ya une girafe qui vient de passer, juste là regarde! »

Heureusement, il y a eu Dexter. Je le connaissais depuis que j'étais gamine, et il avait toujours été là pour moi. Je crois que si j'ai commencé à transgresser les règles, c'est parce que ma sœur et lui se sont trop rapprochés à mon goût. Je lui ai plus d'une fois dit qu'elle était accro' à lui. Il m'a toujours contredit, m'avouant qu'il ne se passerait rien. Mais moi je le savais bien qu'ils termineraient ensemble. Et c'est peut-être pour ça que j'ai commencé par jalouser ma sœur. Et ça n'était qu'un début...

« On va se marier Casey! Tu seras notre témoin. » « Tu... Vous allez quoi ?! »
J'avais eu raison de me méfier de leur relation. A à peine 20 ans ils décidaient de se marier ? Et moi dans tout ça ? Elle me sortait ça, à quelques mois du jour J, m'annonçant au passage que je serais témoin. Et si je n'en avais pas envie ? Et Dexter qui avait toujours nié cet amour. Ils m'avaient bien mentis ces deux là. Les préparatifs prirent toute la place dans notre famille, alors que je me sentais littéralement mise à part. Ma sœur était cette fois-ci le centre de nos préoccupations. Et je crois que c'était déjà beaucoup trop. A cette époque, j'avais 18 ans, et ce fut un premier choc pour moi. J'étais encore une fois loin du compte, car ça n'était qu'un piètre début. Le début de l'enfer.

« Je... Votre père est atteint d'un cancer. »
Je m'étonne encore de ne pas avoir eu les mots face à une telle révélation. Un cancer... Ce n'est tout de même pas rien. A cette époque, je m'étais promis de faire bonne figure, d'être droite et de soutenir mon père comme je le pouvais. Alexis fut d'ailleurs plus d'une fois étonnée de ces larmes qui ne coulèrent jamais sur mon visage face à la maigreur de notre père, face aux quelques crises qu'il faisait au moins une fois par semaine. Je fus moi même étonnée de ne rien ressentir. Toutefois, mon monde s'écroula, et, incapable de faire face à tant de souffrance, je quittais New-York, du jour au lendemain.

« Ils m'ont proposé une offre en tant que photographe en France, je pouvais pas rater une telle opportunité. Portez vous bien. »
Ce fut les seuls mots que je laissais à ma famille, direction la France. En quelques mois, j'apprenais la langue française. Je ne donnais que quelques nouvelles, incapable de faire face à la réalité. Malgré tout, ils me manquaient. Alexis me manquait, elle et son histoire d'amour, Dexter aussi. Tout me manquait, et ça même si mon job était intéressant. J'étais photographe, c'est ce dont j'avais toujours rêvé. Et pourtant... Cela ne me suffisait pas. Perdue, j'ai fais de mauvaises rencontres. Et qui dit mauvaises rencontres, dit drogue et alcool à la clé. Oui, je suis tombée dans la drogue. Et je n'en suis plus jamais ressortie. J'ai perdu mon job et puis...

« C’est papa…il est…. » « Mort c’est ça ? »
Et puis j'ai appris la mort de papa. Et au bout du fil, c'était ta voix, oui ta voix Alexis. Je t'ai sentie fébrile, et moi, j'ai pas réussi à pleurer. Non, j'ai même été froide, plus que jamais je ne l'avais été. J'ai été méchante, à un tel point que j'ai refusé de venir à son enterrement. Notre père, c'était tout pour moi. Un modèle lui aussi. Le seul modèle masculin de la famille. A croire que la drogue a accentué cette mauvaise réaction. Je t'ai fais du mal, mais il n'y avait rien de mieux pour que tu sois consciente de mon état. J'étais mal, mal à un point inimaginable. Après ça, j'ai continué à me droguer, j'ai même dealé parce que je ne trouvais plus de job. Personne n'était là pour m'aider, non personne...

« Alexis tu dois m’écouter » « T’as été claire lors de notre dernière conversation » « Écoutes, j’étais mal et… » « J’en ai rien à foutre de tes problèmes. J’étais mal aussi et moi je t’ai toujours soutenu, alors fais ta vie maintenant et te soucie plus de moi, ça fait longtemps que c’est le cas toute façon » « Tu me manques » « T’avais pas qu’à partir »
Je sais que tu m'en veux, je l'ai ressenti lors de cette dernière conversation téléphonique. Mais j'ai besoin de ton aide, j'ai besoin de toi Alexis. Je suis de retour, prête à te retrouver, pour mieux me porter. Je suis bien trop accro' pour tout t'avouer, mais viendra un jour où tu retrouveras celle que j'étais autrefois. Tu sais, cette petite fille que tu as toujours protégée.