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| You shall grow up now... ft. Merry | |
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▲ arrivée le : 30/12/2011
| Sujet: You shall grow up now... ft. Merry Sam 14 Jan - 13:02 | |
| Combien de fois ma mère ne m'avait-elle pas dit d'aller confesser mes péchés? Je me rappelais souvent quand elle me disait que le dimanche nous allions à la messe et qu'il était préférable que j'aille confesser si je voulais être une bonne fille. J'avais vingt-quatre ans à présent et j'avais passé l'âge d'écouter ma mère, bien que je savais que si je lui disais ce que je pensais, je serais mal barré dans ma vie future. Pourquoi allais-je à l'église un mercredi après-midi? Pour voir mon meilleur tout simplement. Merry était quelqu'un de comment dire... spécial. Pas le genre de venir d'une autre planète mais cela n'en était pas loin. La neige tombait et je commençais à grelotter de froid. Qu'elle idée m'avait-elle prise de me rendre à l'église à pied de mon lieu de travail. Je me doutais qu'en passant les portes le Père Canterbury me ferait une petite réflexion sur soit ma tenue, soit ma v ie en générale. Je l'avais rencontré il y a quatre ans quand ma mère avait appris que j'étais enceinte et que j'étais bien décidée à le garder – de toute manière, le mot avortement était totalement interdit dans notre famille – et qu'elle était venue avec mon père et moi-même supplié le Père de faire quelque chose pour me remettre dans le droit chemin. J'avais eu le droit à des têtes à têtes avec lui qui me faisait plus sourire qu'autre chose. Il avait essayé de me montrer sur mes parents ne souhaitaient que mon bien et que ce ue je faisais pour une jeune fille de vingt ans n'était tout simplement pas décent. Oui, le sexe avant de se marier était profondément intoléré dans ma famille. Eliott avait bien grandi à présent et je l'avais laissé en cet après-midi neigeux chez ma meilleure amie qui était aussi sa marraine. Cela faisait environ une semaine que je n'avais pas vu Merry, et il me manquait. Il avait beau être l'être le plus bizarre que j'avais connu depuis mon enfance, il n'en restait pas moins mon meilleur ami bizarre. J'avais un pincement au cœur en pensant à lui quand je me souvins de ce soir où je surpris son petit ami dans les bras d'un autre. J'avais promis de rien dire mais pendant combien de temps allais-je encore tenir? A chaque fois que Merry me disait qu'il était follement amoureux de ce mec, je souriais doucement sans rien répondre. Mon pauvre chaton.
J'entrais dans l'église. Il n'y avait personne à part le Père qui était en train de parler avec une autre personne. Le jour où je demanderai ses conseils n'étaient pas encore arrivés, il n'avait pas réussi à me remettre dans le droit chemin et depuis j'étais la fille que Merry ne devait absolument pas fréquenter. Dommage pour lui. D'un côté il était heureux de voir que mes parents avaient réussi à me recadrer en faisant un mariage arrangé. Aurait-il un côté de sadisme que l'on ne connaitrait pas? Je marchais dans l'aller principale et je voyais bien que le bruit des talons l'agaçait et je ne pus m'empêcher de lui faire un grand sourire avant de lui demander où était Merry. Sans doute bien content de pouvoir se débarrasser de moi vite fait il me répondit: « Dans le jardin. » Je pris la direction bien que l'idée du jardin ne me réjouissais pas, qu'est ce qu'il faisait dehors par ce froid glacial? Une fois arrivée à la hauteur de la porte, je sortie avant de frissonner de tout mon corps, il était fêlé c'était un fait. Je le vis justement au loin en train de faire un bonhomme de neige. Je m'approcha avant de lancer: « Tu as quel âge pour faire ça? » Je frottais mes mains entre elles, comme pour chercher un petit peu de chaleur. « Je t'ai emmené des pains au chocolat. » Fis-je en tendant un sac qui venait de la boulangerie en face de mon lieu de travail avant de m'approcher de lui et de lui coller un bisou sur la joue comme j'avais l'habitude de faire quand on se voyait. J'espérais au plus profond de mon âme que le Père regardait la scène, pour le simple fait que je voulais le voir bouillonner que je m'approche de son petit protégé. J'allais m'asseoir sur un des petits murets de pierres après avoir enlevé toute la neige qui s'était amoncelée dessus. « Tu n'es pas avec Roman aujourd'hui? » Question parfaite innocente bien que j'imaginais encore ce type au bras du mec de l'autre jour. Connard.
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| Sujet: Re: You shall grow up now... ft. Merry Dim 15 Jan - 19:13 | |
| La neige me rendait toujours euphorique. Généralement, cela signifiait que mon anniversaire approchait, vu qu’il tombait en même temps que celui du petit Jésus. Cette année, je n’avais pas eu droit à de jolis flocons comme cadeau, ils étaient un peu plus tardifs. Mais au moins, j’avais fini par en recevoir. J’avais dû remercier Dieu une centaine de fois depuis la semaine dernière, même si mon père m’avait dit que ce n’était pas correct. Ce matin-là, lorsque je m’étais réveillé, j’avais tout de suite remarqué que la couche de neige dans le jardin était d’une densité idéale pour m’adonner à une de mes activités préférées : la confection de bonhomme de neige. J’éprouvais quelques difficultés à me détacher de mon âme d’enfant, mais quel mal y avait-il à cela, franchement ? Et puis les plus jeunes qui venaient à l’église aimaient bien qu’il y ait des trucs sympas à l’arrière, ils s’ennuyaient moins ainsi. Bien que je ne comprenne pas ce qui les dérangeait dans les sermons de leur pasteur, j’avais une faculté innée à m’entendre avec les gamins. Quand je ne faisais pas ma troisième garde de nuit à l’hôpital pour la semaine ou du porte-à-porte pour récolter des dons pour la paroisse, je m’improvisais baby-sitter en gardant en priorité Eliott, le fils de ma meilleure amie, et Juliet, qui avait des parents très occupés. Je devrais peut-être ouvrir une garderie et donner des cours de catéchisme pendant qu’ils me sont confiés. Quoique Percy me tuerait probablement si j’inculquais certaines valeurs désuètes à son fils. Je les savais passées de mode, mais je les appliquais toujours, parce que mon père m’avait dit que j’aurais une meilleure âme ainsi. Je désobéissais rarement à mon père, j’avais toujours voulu être parfait, car, au fond, je n’étais qu’un orphelin banal, je n’étais pas la chair de sa chair et j’avais toujours peur qu’il cesse de me considérer comme son vrai fils. Ma seule entorse, c’était Percy, qu’il m’avait interdit de revoir quatre ans plus tôt, mais il s’y était fait. Bon, d’accord, pour Roman, je n’étais pas sûr que ça lui fasse plaisir puisqu’il me répétait sans relâche que les homosexuels étaient des malheureux, mais Dieu est amour, non ? Du moment que j’aimais Roman, ça devait être acceptable.
J’avais dépensé mon énergie en balayage du sol et nettoyage des bancs dans l’église toute la matinée et je n’avais qu’une hâte : pouvoir m’accorder une pause dans le jardin, sachant qu’en prime je travaillais à l’hôpital le soir même. Mon père m’envoya dehors lorsqu’un vieil homme vint lui parler de la messe de dimanche dernier. J’en fus trop content. J’attrapai manteau, bonnet, écharpe, gants et courut à l’extérieur, débordant d’enthousiasme. J’avais déjà constitué de belles boules de neige géantes, que j’avais empilées, quand j’entendis une voix familière provenant de derrière moi. Je me retournai avec un immense sourire dès qu’elle introduisit les pains au chocolat dans la conversation et je n’eus pas le temps de réagir que j’avais déjà eu droit au traditionnel bisou sur la joue. « Mercii ! » fis-je avec des yeux brillants. Elle alla s’asseoir sur le muret et je l’imitai, parce que dès que quelqu’un avait de la nourriture entre les mains, je me mettais à le suivre comme un bon petit toutou. Moi, un estomac sur pattes ? La gourmandise était mon seul péché. Mon père m’avait d’ailleurs sommé d’arrêter de vouloir me confesser dès que je mangeais un fondant au chocolat. Elle me demanda alors pourquoi je n’étais pas avec Roman aujourd’hui, et, fidèle à moi-même, mon regard s’était éclairé à la simple mention de son nom. J’étais sérieusement atteint, la moitié de mes amis me l’avait affirmé, et l’autre moitié s’était contentée de se taire, mais n’en pensait pas moins. Seulement, je n’avais pas saisi un traitre mot des explications des premiers. Il n’était pas fait pour moi ? Seul Dieu pouvait le savoir, ça. Je l’aimais, il m’aimait, c’était l’essentiel. Percy ne l’appréciait pas beaucoup et je préférais généralement ne pas aborder ce sujet avec elle, mais là, c’était elle qui avait commencé. « Il a cours ou des œuvres à créer, un truc dans le genre. Puis n’exagère pas, on n’est pas non-stop ensemble non plus. Même si j’aimerais bien, parfois. Mais je pense qu’il en aurait vite marre de moi si j’étais tout le temps collé à lui. » Que dis-je… Il rêverait que je me colle à lui, sans vêtement en particulier, et je rougis à cette simple pensée. J’esquissai un sourire, la dernière chose que je voulais, c’était de perdre Roman, mais le sexe, je ne pouvais pas. L’idée n’arrivait pas à prendre sa place dans mon esprit et je m’arrangeais toujours pour me défiler lorsque mon petit ami en avait envie. Heureusement, il le comprenait. « Comment va ton p’tit bout ? » Quand j'en venais à penser au sexe, je détournais toujours le sujet, de peur de devoir en parler, ou même écouter. J'avais de la chance que mon père ne soit pas du style à m'expliquer les choses de la vie... |
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| Sujet: Re: You shall grow up now... ft. Merry Lun 16 Jan - 13:09 | |
| Par moment je me disais que j'étais en compagnie d'un enfant de cinq ans qui croyait encore au Père Noël. On pouvait trouver son air candide particulièrement mignon et lui tirer les joues du bout des doigts comme une grand-mère ferait à son petit-fils, mais moi par moment il me tapait sur les nerfs. Il n'y avait pas d'âge pour construire un bonhomme de neige me diriez-vous, mais avouons-le que quand on regardait Merry on ne voyait pas un adulte qui gravissait les échelons pour atteindre ce qu'il souhaitait. C'était comme si plus les années passaient, plus il restait en avance. J'avais envie de le secouer tel un pommier pour qu'il prenne conscience de la véritable notion de la vie. Je m'étais assise sur le bord du muret en gardant les pains au chocolat avec moi. Comme à son habitude, Merry me suivait. Dès que j'avais des friandises sur moi il me poursuivait pour en avoir. Comme un gosse enfin de compte... ou même, comme un chien qui suivrait son maître. Cette comparaison me faisait peur... J'avouais que l'odeur des pains au chocolat était enivrante mais de là à me coller pour en avoir, il ne fallait pas exagérer. Ils provenaient du meilleur boulanger/pâtissier que je connaissais. Je croisais les jambes tandis que mon meilleur ami s'assit à mes côtés. « Il ne manque plus que je t'achète un collier et une laisse et tu ferais un parfait toutou. » fis-je en passant une de mes mains dans ses cheveux en les ébouriffant. C'était loin d'être méchant, il savait que je le taquinais facilement et il allait sans doute pas tarder à faire sa moue boudeuse comme un enfant de trois ans. Je plongea ma main dans le sac avant d'en sortir un pain au chocolat et une serviette et de lui tendre. « Tiens. » Je pris par la suite le mien, j'adorais les pains au chocolat et cela depuis que j'étais gamine. J'en raffolais et je pouvais en manger des tas! Je posais mes yeux sur le bonhomme de neige, enfin, ce qui était censé être un bonhomme de neige puisqu'il était en pleine construction. Il se débrouillait pas si mal mon Merry là dedans, moi j'étais particulièrement nulle pour construire quelque chose à partir de la neige. Faut dire, on ne m'avait jamais appris non plus. Faire un bonhomme de neige n'était pas digne d'une fille de bonne famille, à la place j'avais le droit aux leçons de piano avec un professeur très expérimenté. J'avais envié mes voisines qui avaient fait des batailles de boules de neige avec leurs parents. A présent, j'en faisais avec mon fils de temps en temps, car je ne voulais pas le priver de l'enfance que je n'avais pas eu. « Tu comptes l'appeler comment? » Fis-je en direction de la masse neigeuse en pleine construction.
J'avais demandé pourquoi il n'était pas avec Roman. Qu'est ce que cela pouvait me faire? Je ne souhaitais pas que mon petit Merry ait le cœur brisé par ce dévergondé. Il ne valait mieux pas que je lui dise que l'autre jour je lui ai menacé de le castrer sinon, il allait me dire que j'étais folle et que j'aille me confesser pour avoir eu une idée pareille. Il était si pure, j'en pleurerais. Il savait que je n'aimais pas spécialement son petit ami, depuis le début je l'avais trouvé bizarre de vouloir se mettre avec Merry, lui le fervent catholique qui gardait les valeurs que le Père Canterburry lui avait inculqué. S'il savait que cela ne faisait pas de mal de satisfaire son copain de temps à autres, il ne serait pas cocu! « Un truc dans le genre? Tu connais vachement bien sa vie... » Fis-je en roulant des yeux. Pour moi c'était clair qu'il y avait anguille sous roche depuis le temps. Merry n'avait pas l'air plus tracassé de ça de l'emploi du temps étrange de son petit copain. Si c'était moi, il aurait fallu quelque chose de claire et de précis. Lui on aurait très bien pu lui dire qu'il allait plonger avec des poissons dans un aquarium ou danser avec des pingouins il trouverait ça fun... Désespérant. Dire que si ca se trouve Roman était en train de se taper en ce moment même un mec, l'idée m'énervait. « Moi je pense qu'il aimerait bien que tu te colles à lui... » Ma gueule. Franchement dire de pareils sous-entendus à un mec tel que Merry c'était assez culotté. Pourvu que le Père ne passe pas par là en ce moment précis sinon j'allais prendre la porte rapidement pour donner des idées diaboliques à son fils. D'un coté il fallait dérider Merry ce n'était plus possible! Je vis qu'il était en train de rougir, et curieuse de nature je le fixais: « Tu penses à quoi pour rougir à ce point? Ouah tu es beaucoup moins prude que je l'imaginais. » Je me mis à rire, je faisais tout pour le rendre mal à l'aise, je n'étais pas méchante non non, je trouvais cela juste amusant! Je croquais dans mon pain au chocolat quand il me demanda comment aller mon petit bout. C'était vrai qu'il n'avait pas vu Eliott depuis quelques temps, mon fils passait énormément de temps chez sa marraine quand elle pouvait le garder ou sinon à la garderie. « Il va bien, je lui fais manger pas mal de légumes pour ne pas qu'il tombe malade cet hiver. L'an dernier c'était la catastrophe avec la grippe. Je te l'emmènerais dans la semaine pour que tu le vois si tu veux. » Fis-je avec un doux sourire. Merry avait été un des seuls à ne pas considérer ma grossesse comme l'œuvre du démon à l'époque et pour ça, je l'en remerciais.
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| Sujet: Re: You shall grow up now... ft. Merry Mer 18 Jan - 20:13 | |
| Je la fixai un instant sans rien dire. Je n’aimais pas que l’on me compare à un chien, bien que cela soit pleinement justifié et que je m’attrapais souvent à le penser moi-même. Je fis alors cette moue boudeuse si cliché, mais qui était ma marque de fabrique, d’après mon père. Percy connaissait cette expression par cœur, elle pouvait même prédire quand elle arriverait, parfois. Elle m’avait ébouriffé les cheveux, il ne me fallut pas longtemps pour que je les remette à leur place, les aplatissant sur mon crâne. Un réflexe idiot, juste parce que les mèches rebelles, ça faisait mauvais genre, et je préférais me contenter de celle de Roman, ça lui allait mieux qu’à moi. D’ailleurs, c’était un des trucs qui me faisaient craquer chez lui. Mais la liste était longue et je ne vais pas l’énumérer ici. Jetant un regard qui se voulait inquisiteur – je doute de sa crédibilité – à ma meilleure amie, je lui lâchai ça d’une voix plaintive : « Je suis bien mieux qu’un toutou, je n’aboie pas et je peux me promener tout seul. » Malgré tout le mal que je me faisais pour paraître en train de râler, je ne pus résister au pain au chocolat qu’elle me tendit, dont je m’emparai avec un grand sourire. Rien qu’à l’odeur du chocolat, j’en salivais d’avance. On pouvait presque jurer que je n’avais pas mangé depuis trois semaines, parce que, sérieusement, je n’en fis qu’une bouchée. Je vous avais prévenu, il devait y avoir un trou noir dans mon estomac qui envoyait toute ce que j’avalais dans une quatrième dimension, car j’avais beau me faire des sandwiches de la taille de l’Empire State Building et ne jamais me priver devant une boîte de pralines, je ne prenais pas un gramme. En même temps, je courais partout avec mon métier d’infirmier ou lorsque je devais jouer à chat avec les enfants que je gardais. Je peux vous assurer que c’était du sport, tout ça. Elle se mit à observer mon bonhomme de neige, enfin, son esquisse, parce qu’il était encore loin d’être terminé. J’avais déjà hâte de pouvoir planter une carotte pour lui faire un nez, c’était la touche finale avec le sourire serti de cailloux. A vingt-deux ans, je n’avais pas perdu les habitudes de l’orphelinat, auquel on organisait des concours de construction en neige en décembre. Je me rappelais encore de l’igloo qu’Anton et moi – surtout Anton – avions fabriqué quand j’avais six ans. Elle me demanda comment je comptais l’appeler, et je réfléchis quelques secondes, c’était difficile à dire tant qu’il n’était pas terminé. Celui de l’année précédente se prénommait Moïse, je leur donnais systématiquement des noms tirés de la Bible en vertu de mon père qui trouvait que Nestor ou Georges ne sonnaient pas bien. « Elie, comme le prophète ! » L’illumination…
Elle me fit remarquer que je ne connaissais pas bien l’emploi du temps du Roman, mais je ne voyais pas ce que cela pouvait avoir de si dérangeant. Je savais qu’il avait cours presque toute la semaine, néanmoins je n’avais pas appris son horaire par cœur. Ça aurait été un peu excessif, non ? Parce que sinon, je pouvais toujours m’y mettre maintenant. C’est vrai que lorsqu’il m’envoyait un message vague, je ne lui demandais pas plus de détails, après tout, il avait droit d’avoir une vie privée. Moi-même je ne lui écrivais pas des texto toutes les cinq minutes pour lui dire « je suis à la messe », « j’apporte son plateau-repas à un patient », « je fais un bonhomme de neige ». Cela aurait été sacrément bizarre, il me semble. A moins que ce soit ce que les couples font en général, mais je n’en étais pas trop sûr. Après tout, Roman était mon premier petit copain, comment voulez-vous que je sache exactement comment je devais agir ? A l’avenir, je prendrais des notes quand je verrais Percy en compagnie de son fiancé. « Je ne vais pas non plus le harceler de messages. Tu fais ça, toi, avec Lawrence ? » Mes questions pouvaient paraître indiscrètes, cependant, je les posais souvent le plus candidement du monde. Par la suite, Percy traduisit mes pensées intimes à haute voix et je la dévisageai, un peu interloqué d’être ainsi mis à nu. Elle continua sur sa lancée, souhaitant savoir à quoi je pensais pour avoir les joues en feu. Ma réaction était parfaitement normale, il y avait de quoi rougir quand on me sortait des commentaires pareils. Pourtant, elle l’interpréta autrement, ce qui me fit virer à une intensité de rouge encore plus spectaculaire. Je devais bien avouer que les images dans ma tête ne respiraient pas toutes ma tendre innocence, ce n’était pas parce que je refusais de le faire que l’idée n’avait pas fait son bout de chemin dans mon esprit. J’étais légèrement perverti par endroits. Si mon père savait, il m’enverrait sur-le-champ au monastère. « De un, je ne suis pas prude, je suis pudique, ce n’est pas pareil. De deux, ce n’est pas parce que je suis immature que je ne sais pas ce que c’est le… hem, sexe. » J’avais presque bégayé sur le mot fatidique et, en tout cas, je l’avais seulement chuchoté, de peur que mon père ne le perçoive avec l’ouïe supersonique que lui avait confiée notre Seigneur. « Enfin… Je ne sais pas ce que c’est techniquement parlant, mais théoriquement, j’ai compris la chose. De trois, on arrête de parler de ça, j’ai super chaud alors qu’il fait à peine plus d’un degré, là. » J’avais immédiatement embrayé sur un autre sujet, qui me réjouissait cent fois plus : le petit Eliott et sa bouille d’ange. Une crème, ce gamin. Cela faisait presque trois semaines que je ne l’avais pas croisé. « Oh, oui, si tu veux bien, je lui montrerais comment faire un chien en neige, pour tenir compagnie à Elie. En plus, je lui ai acheté un cadeau de Noël en retard. » Une peluche en forme de pingouin que j’avais achetée dans la boutique souvenirs du zoo. Je devrais me faire faire un pass à vie pour ce parc animalier, j’étais un vrai accro aux pingouins, je pouvais perdre des heures rien qu’à les regarder battre des ailes sans jamais pouvoir voler et à plonger dans l’eau de leur bassin. « Tu veux m’aider à finir Elie le bonhomme de neige ? Ou alors on va à l’intérieur, tu as l’air frigorifiée. Mais il ne fait pas beaucoup plus chaud dans l’église. » |
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| Sujet: Re: You shall grow up now... ft. Merry Mer 18 Jan - 21:07 | |
| « Tant mieux car je ne voulais pas spécialement t'attacher avec une laisse pour aller te promener dans le parc. » Déclarais-je en rigolant. Merry avait beau être comme il était, je l'adorais énormément et je ne savais pas ce que je ferais sans lui. Il me faisait rire même quand il était plus que sérieux, mais moi, son air enfantin me faisait toujours autant rire car il me faisait penser à mon propre fils. Il savait parfaitement que je le taquinais et que c'était loin d'être méchant. Je commençais à avoir froid, de la fumée sortait de ma bouche à chaque expiration et je mangeais mon pain au chocolat avec tranquillité. Merry lui l'avait fini en à peine cinq minutes, je me demandais comme il faisait. Il ne mâchait pas? Il engloutissait tout ce qu'il pouvait dans un temps record, finalement c'était vraiment comme un petit chien. Je ne préférais pas faire la remarque de peur qu'à force il se vexe et ainsi je me concentrais sur son bonhomme de neige. Il y avait la tête, le corps il manquait juste les bras avec deux bout de bois et des éléments de décorations. Cette année pour ma part je n'avais pas encore fait de bonhomme de neige, Eliott n'avait pas la patience pour ça et préférait de loin faire des batailles de boules de neiges. Ce type de construction devait toujours avoir un prénom au final, je savais que souvent je trouvais des bonhommes de neiges du nom de Bob mais je me doutais qu'avec Merry il n'y aurait pas de prénoms singuliers... Ce n'était pas possible à moins qu'il était pris d'une montée subite de fièvre. En tout cas je finissais tranquillement mon pain au chocolat quand il me dévoila le prénom qu'il avait choisi. Il y avait eu un prophète nommé Elie? Je réfléchis un instant, j'avais beau venir toujours à la messe sous ordre de mes parents, je crois que la plupart du temps je somnolais car je ne m'en souvenais plus du tout... Un vrai brouillard. Si je lui déclarais à l'instant même que je me rappelais pas de qui c'était j'aurai le droit à un cours sur la religion, valait mieux passer dans je-le-sais-mais... « Ah oui, je m'en rappelle un peu. » Voilà, ainsi il ne me poserait aucune question et je pouvais être sereine.
La discussion s'axa sur un sujet beaucoup plus intéressant pour moi: Roman. Celui que j'avais failli castrer quelques jours auparavant dans le Starbuck. J'essayais de lui soulever des interrogations à propos de son petit ami et cela en toute subtilité. Je ne voulais pas lui dire cash: mais tu ne vois pas qu'il te trompe?! Non, il croirait que ce serait un mensonge car je n'aime pas Roman ou alors il pleurerait dans mes bras comme un gamin de six ans qui ferait face à la dure loi de la vie. Ainsi, je lui déclarais qu'il était étrange qu'il n'en sache pas plus que ça sur la vie de son petit copain. Il me répondit que je ne ferais pas ça – à savoir envoyer des messages vingt-quatre heures sur vingt-quatre – à mon fiancé. « Ce n'est pas pareil. Puis, on ne parle pas de Lawrence et de moi, ne change pas de conversations! Tu ne trouves pas ça bizarre que tu n'en saches pas plus que ça sur sa vie? Enfin, tu fais comme tu veux, c'est ton petit copain mais moi je n'aimerai pas rester dans le flou... » Je me mordillais la lèvre inférieure avant de lever mes yeux vers le ciel gris où la neige commençait à tomber. Je savais que pour ma part je n'aimerai pas des réponses trop évasives et que je cherchais ce qu'il se passait réellement. Merry non. Il restait là comme si toutes les fautes étaient pardonnables. Certaines ne l'étaient pas, et il fallait qu'il grandisse pour comprendre qu'il y avait des actes où l'on ne pouvait pas pardonner par des fleurs ou un simple baiser. Je pris de la neige dans mes mains avant de la laisser tomber petit à petit en la regardant un instant. On était passé à un sujet de conversation que j'avais proposé implicitement de moi-même et je le vis rougir de plus en plus ce qui était parfaitement mignon. « Oh tu as réussi à prononcer le mot mon chou? » Fis-je d'un air taquin avant de lui pincer la joue de mes deux doigts comme le font les grands-mères à leurs petits-fils. Il m'expliqua alors qu'il savait ce que c'était théoriquement et non en pratique. Cela n'aurait tenu qu'à moi je lui aurais donné une tape à l'arrière de la tête. Il ne fallait plus se poser la question pourquoi Roman était parti voir ailleurs, le pauvre d'un côté je le comprenais, ne pas pouvoir toucher quelqu'un pendant des mois c'était... Je ne trouvais même pas le mot. D'un autre côté s'il l'aimait il devait attendre que Merry se sente près, et ça... ce serait quand les poules auront des dents. « Cela ne vas pas te tuer d'en parler! » Déclarais-je quand il me précisa que cela le mettait mal à l'aise et qu'il avait très chaud par ce temps glacial. « Théoriquement ce n'est pas pareil qu'en pratique. » Je vis le regard de mon meilleur ami et je soupira. « Bon d'accord j'arrête de parler de ça... »
Il préférait que l'on parle de mon fils et je souris. Merry adorait Eliott tout comme Eliott adorait Merry. « Je te l'emmènerais vendredi après-midi alors, la garderie ferme exceptionnellement. » Cette garderie je me demandais si elle était sérieuse pour fermer de temps à autres pendant que je travaillais. Heureusement que mes meilleurs amis étaient là de temps à autres pour prendre le relais sinon je ne savais comment faire. Il y avait bien aussi l'option d'emmener Eliott à mon travail mais c'était rare qu'il arrive à se tenir tranquille plus de trois heures. Je sentais mes muscles s'engourdirent par le froid et je ne me fis pas prier quand il me demanda si je l'aidais pour son bonhomme ou que l'on rentrait. « Je préfère rentrer, je t'aiderai une autre fois. » Je me leva de ma place avant d'aller mettre le sac qui avait contenu les pains au chocolats dans une poubelle non loin et de rentrer dans l'église. La personne âgée était parti et le Père Canterburry était en train d'allumer des bougies. Je m'approcha de lui avant de déclarer sur le ton le plus calme du monde: « Nous avons eu une sérieuse discussion avec Merry, je crois qu'il va bientôt être près pour franchir le cap du péché de la consommation de la chaire humaine. » Après tout, j'étais bien le diable non? J'avais été enceinte à seulement vingt ans. Je n'osais même pas imaginer la tête que tirais Merry derrière mon dos. Il allait croire que j'étais folle. Qu'est ce que j'espérais avec ca? Peut-être que mes parents aient tellement honte de moi qu'ils coupent les pont? Qu'il n'y ait plus de mariage? « Je crois que Merry va adorer ça... vous savez... le sexe. » Fis-je en prononçant bien le dernier mot. C'était sûr mes parents allaient être horrifié s'il rapporte tout ça à la prochaine messe...
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| Sujet: Re: You shall grow up now... ft. Merry Mer 25 Jan - 13:02 | |
| Bon, c’était décidé : j’irais m’acheter un collier et une médaille en forme d’os sur laquelle je ferais graver mon prénom. Ça me donnerait un petit côté punk. Et aussi un air stupide, parce que ça insinuerait que je ne connaissais pas mon nom. Il faudrait aussi écrire le numéro de téléphone de mon père au dos, au cas où je me perdais. Ce qui arrivait assez fréquemment, en fait. Ce délire était peut-être rationnel, en fin de compte. Du moins, partiellement. Percy mangea tranquillement son pain au chocolat. J’aurais très bien pu le lui arracher des mains et l’avaler lui aussi tout rond, mais j’avais été élevé dans un milieu où la politesse primait sur tout. Dommage. Je m’étais alors concentré sur mon bonhomme de neige, que j’avais choisi de baptiser Elie. Ensuite, je lui jetai un regard suspicieux tandis qu’elle m’affirmait qu’elle s’en rappelait un peu. Mon œil, oui. Je savais bien qu’elle n’écoutait rien pendant la messe, s’il y avait une mouche dans l’église, aucun doute qu’elle préférerait l’analyser en détails plutôt que de s’intéresser au sermon de mon paternel. Moi, ça me passionnait. Je pouvais presque réciter les textes de la Bible par cœur et j’essayais souvent d’en tirer mes propres interprétations, lorsque celles qui existaient déjà ne me satisfaisaient pas. Finalement, moine, ça pouvait être sympa comme condition, méditer toute la journée sur les récits bibliques… Le seul problème était que je ne pourrais jamais emmener Roman et Percy avec moi. De un, il faudrait déjà qu’ils y consentent, de deux, un moine était censé vivre dans l’isolement, non ? Quant aux câlins et aux bisous, ils devaient être prohibés, ce qui était tout simplement impensable pour ma bonne santé mentale. J’avais un besoin presque constant d’affection, pour me soutenir dans mes efforts, sans ça, je serais une vraie loque humaine, j’en étais sûr. Un parfait petit chiot, je vous dis. Mon père était plus intransigeant que moi sur ce point : j’étais incapable de me séparer d’une vie sentimentale comme lui le faisait. Cependant, je n’insistai pas pour Percy, la religion, ce n’était pas son truc et dès que je me mettais à lui donner un cours sur les croyances protestantes, elle bâillait.
A en croire Percy, ce n’était pas normal que je ne connaisse la vie de Roman que très vaguement. Enfin, je n’allais tout de même pas le torturer pour obtenir des réponses à toutes mes questions, si ? En plus, ce n’était pas mon truc de torturer les gens. Il était vrai que je n’avais jamais rencontré sa famille, mais il me semblait que les rapports étaient tendus entre lui et son paternel et je n’avais pas envie de lui rappeler de mauvais souvenirs. De toute façon, je ne l’avais jamais présenté à mon père non plus. Peut-être que j’aurais dû déjà croiser ses amis, après tout, il avait déjà parlé à Percy. Pourtant, j’avais peur que ceux-ci ne réagissent de la même manière que ma meilleure amie, à savoir : il n’est pas fait pour toi. Si Roman et moi paraissions si incompatibles aux yeux de mon entourage, cela devait aussi fonctionner dans le sens inverse. Lorsque j’eus prononcé le mot tabou, elle se moqua gentiment de moi et je me sentis encore plus pitoyable que d’habitude. Pourquoi tant de haine envers l’abstinence ? Je remerciais Dieu de m’avoir donné un père pasteur qui m’ait informé des dangers du péché de la chair. Au fond, l’abstinence, c’est super. Surtout quand on a peur de le faire… C’est une très bonne excuse. Comme Percy poursuivait sur sa lancée, je lui fis un regard suppliant pour qu’elle arrête. On discuta alors un peu d’Eliott, son fils, avant que je lui demande si elle voulait rentrer puisqu’elle avait l’air tout simplement frigorifiée. Elle se dirigea donc vers la porte de l’église et je la suivis, toujours comme un petit chien. Mon père allumait un cierge, tranquillement, le vieil homme ayant quitté les lieux.
Très étrangement, Percy s’avança vers lui et je m’interrogeai quelques secondes. Avait-elle enfin trouvé la paix intérieure et voulait-elle remercier mon père pour son aide ? Je rêvais, là. Elle sortit une phrase que, à la première écoute, je ne compris absolument pas, gardant un sourire niais sur mes lèvres. Le péché de la consommation de la chair humaine… J’ignorais que je comptais devenir cannibale. Ça me fit frissonner rien qu’en pensant au film d’horreur que Roman m’avait emmené voir au cinéma. Sans doute une tentative pour nous rapprocher, ça avait marché, mais pas jusqu’à son appartement… Bref, une blague de mauvais goût de la part de Percy, ce ne serait pas la première qu’elle ferait à mon père, elle aimait beaucoup le provoquer. Cependant, les traits de mon père se crispèrent et je paniquai un moment, essayant de saisir ce qui était en train de se passer. Et puis, Percy ajouta d’autres paroles, comme pour étoffer son propos, et je crus que je me décomposais sur place. En fait, j’aurais nettement préféré me décomposer, là. Disparaître. Me désintégrer complètement en un milliard de grain de poussières. Ça aurait été un miracle et l’église aurait porté mon nom ainsi. Mon père me dévisageait, avant de reprendre ses esprits : « Tu as une petite amie, Joshua ? » C’était la seule et unique question que je redoutais. Il m’aurait demandé si elle disait la vérité, j’aurais pu tout bêtement nier et il m’aurait cru, parce que jamais je n’avais eu l’intention de passer à l’acte et qu’il avait plus confiance en moi qu’en Percy. « J-je… Je… Non ! Percy ! » fis-je sur un ton de reproche. Je tentai de lui jeter un œil inquisiteur, mais j’étais bien trop angoissé pour que ça ait l’effet escompté. « Je le ferais jamais, Papa. Sauf si je me marie, mais en tout cas pas avant d’être pasteur comme toi et euh… » La tête baissée, honteux, je cachai mon visage dans mes mains. Les larmes perlaient au coin de mes yeux, j’avais une boule dans le ventre. Elle me faisait dire des choses que je n’avais jamais voulues. « Joshua, j’aimerais que tu m’expliques clairement de quoi il retourne. » Me comportant comme un enfant trop gâté, je fis non de la tête, me refusant à m’enliser encore plus. Il se tourna alors vers Percy. « Et bien, mademoiselle Hamilton, il semblerait que vous ayez détruit mon fils. Alors soit vous m’aidez à le sauver en me disant ce qu’il se passe réellement, soit vous partez et vous ne revenez plus jamais ici. » Pourquoi avait-elle fait ça ? J’étais incapable de parler, de me justifier et je priais juste pour qu’elle mente mieux que moi. Elle savait comment mon père allait réagir et que je ne pouvais pas lui mentir… C’était quoi, le but de tout ça ? Je séchai néanmoins mes larmes, elle n’allait pas le dire, j’en étais sûr… Ou à peu près.
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▲ arrivée le : 30/12/2011
| Sujet: Re: You shall grow up now... ft. Merry Sam 4 Fév - 19:38 | |
| Est-ce que je venais de produire l'apocalypse? Vu le regard du Père Canterburry, peut-être. Il ne fallait rien exagérer. J'étais une fille de bonne famille a qui on disait quoi faire et quand le faire depuis que je savais marcher sur mes deux jambes. Ce que je venais de faire, c'était loin d'être pour blesser mon meilleur ami. Cependant, il fallait qu'il ouvre les yeux sur la chose: il ne pourrait pas tout cacher éternellement. Si cela n'avait pas été moi, cela aurait pu être quelqu'un d'autre. Un paroissien qui aurait aperçu Merry avec Roman et qui l'aurait rapporté au pasteur. Venant de moi, cela ne pouvait être que des mensonges aux yeux de celui-ci. Après tout, j'avais beau avoir été éduqué dans des valeurs catholiques, je ne restais pas moins une fille du démon à ses yeux. J'étais tombée enceinte d'un petit ami de l'époque, celui que j'avais toujours aimé, j'avais donné naissance à une véritable petite bouille d'ange et j'avais beau montré que j'assumais totalement mon rôle de mère je ne gagnais aucune grâce à ses yeux. Je voyais mon meilleur au bord des larmes et je lui aurai bien mis un coup derrière la tête en lui disant de se reprendre et d'arrêter de se comporter comme un enfant de cinq ans. Ce que je venais de faire n'était rien d'autre qu'un électrochoc et pourtant aux yeux de mon meilleur ami on aurait dit que je venais de provoquer la plus grande des catastrophes. Pendant que le père Canterburry demandait à Merry s'il avait une petite amie et en l'appelant Joshua, je regardais l'église en sa totalité. Je connaissais par cœur toute l'architecture au vue que je n'écoutais jamais réellement la messe où mes parents me forçaient à aller. Je m'étais toujours demandé pourquoi on l'appelait Joshua et qu'il voulait qu'on l'appelle Merry mais cela était bien trop compliqué et à force j'avais renoncé. Il essayait tant bien que mal de s'en dé-pâtir dans quoi je l'avais fourré. Il fallait qu'il prenne conscience que dans la vie on ne pouvait pas tout avoir, que tout n'allait pas forcément dans le bon sens. En le voyant ainsi, au bord des larmes a essayé de débrouiller je constatais que c'était véritablement un enfant dans sa tête et dans son âme.
Quel mal il y aurait-il me diriez-vous si la vérité explosait au grand jour? Sans doute que Merry se fasse mettre à la porte, après tout l'homosexualité était très mal vu dans le monde de l'église. Merry était attaché au pasteur comme si c'était son véritable parent. Je n'avais jamais dévoilé ma pensée là-dessus, le fait qu'il aurait sans doute dû procéder des recherches pour trouver ses parents biologiques. Il m'aurait sans doute répondu avec son air candide: A quoi bon? Le pasteur est mon père et je l'aime. Bref vous voyez le tableau? Rajouter cela des yeux de cockers et un sourire de gamin de cinq ans et vous auriez Merry dans toute sa splendeur. Le père Canterburry s'était retourné vers moi et évidemment j'étais encore la fautive de tout ce qui venait de se passer. « Bien sûr, j'ai eu des effets néfastes sur votre fils. J'oubliais que je suis la tentatrice. » Fis-je en roulant des yeux. Je n'en avais aucun cas peur de ce qu'il dirait à mes parents de ce qui venait de se produire. Je n'étais pas hypocrite comme la plupart des gens qui venaient ici avec de grands sourires dont certains ne croyaient même pas en l'existence de Dieu. Moi j'y croyais oui, mais je n'étais pas obnubilée non plus. Ma mère me prendrait pour folle, mon père considérerait que j'ai dépassé les bornes et que je faisais honte à la famille. Et après? « De toute manière ce n'est pas à moi de le dire. Puis, je sais pertinemment que tout ce que je dirais sera des mensonges purs et durs à vos yeux alors pourquoi perdre son temps. » Je me mordillais la lèvre inférieure avant de mettre les mains dans les poches de ma veste. Je commençais à marcher en direction de la porte de l'église: « Aucun souci de toute manière, mon fils et moi nous n'avons jamais été accepté. Sachez que je ne suis pas hypocrite et que je dis toujours ce que je pense. Après tout n'y a-t-il pas un commandement: tu ne mentiras point? Quel bel exemple nous avons ici présent. » Déclarais-je en jetant un coup d'œil à Merry qui essayait de s'enfoncer au plus profond de la Terre pour n'avoir rien à affronter. « Oh et cadeau d'adieu de ma part: » Je m'avançais vers Merry avant de déposer un baiser sur ses lèvres. Purement réaliste, mais rien de bien sérieux je me doutais que le pasteur commençait à virer rouge. Je me retira par la suite avant de faire un grand sourire et de marcher vers la grande porte en bois.
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▲ Messages : 113
▲ arrivée le : 13/01/2012
| Sujet: Re: You shall grow up now... ft. Merry Mer 15 Fév - 21:42 | |
| Personne ne pouvait saisir à quel point je me sentais mal en cet instant. Du moins, je doutais que quelqu’un d’autre que moi soit dans cette situation. Ça me paraissait tellement improbable, j’avais juste envie de me réveiller et découvrir que ce n’était qu’un cauchemar. Pourquoi ma meilleure amie, que j’avais toujours soutenue, me faisait un coup pareil ? Elle savait très bien que jamais mon père n’accepterait Roman et même moi, qui espérais pourtant comme un idiot que le contraire se produire lorsqu’ils se rencontreraient, j’en avais parfaitement conscience au fond de moi. Ce n’était pas tellement parce que j’avais un petit ami et non une petite amie, bien que la Bible stipulait vaguement que c’était interdit sans que je n’en saisisse la raison première. Il y avait une chance que mon père admette que je sois gay, infime, mais elle existait. Le problème, ce serait Roman en lui-même. Peut-être qu’avec des cheveux moins longs, sans tatouage, un autre style vestimentaire, il pourrait plaire à mon père. Mais Roman n’était pas comme ça et c’était précisément ce pourquoi je l’aimais. De toute façon, personne ne serait jamais assez bien pour moi à ses yeux, il n’y avait qu’à voir sa tête quand mes amies passaient me dire bonjour à la maison. Il soupirait de soulagement à chaque fois que je lui assurais que je ne sortais avec aucune d’entre elles, fussent-elles les plus sages et croyantes qui soient.
Percy n’avait jamais compris le lien qui m’unissait à mon père adoptif. Sans doute parce qu’ils ne s’appréciaient guère, chacun pensant que l’autre était un être négatif pour moi. Mais il avait toujours été là. Du moins, dès le moment où mes souvenirs s’étaient formés, c’était ce pasteur qui avait fait office de figure paternelle, comme pour tous les orphelins de St-Peter et pourtant, j’avais obtenu la palme de l’histoire la plus larmoyante et j’avais donc hérité du privilège d’être son petit protégé. Fallait dire, abandonné au bord d’une route déserte et enneigée le jour de Noël et avoir été trouvé en vie, ça signifiait presque que j’étais un miraculé. Comment Percy ne pouvait-elle pas l’intégrer ? Comme d’autres de mes proches, peut-être s’imaginait-elle que je devrais rechercher mes parents biologiques. Cependant, j’avais toujours pensé que s’ils m’avaient voulu du bien, ils m’auraient laissé dans un hôpital ou sur le seuil de quelqu’un. Et s’ils avaient des remords ou m’avaient simplement perdu, ils auraient pu contacter les services sociaux lorsque l’annonce de ma découverte avait été annoncée dans les journaux. Mais non, ils n’avaient rien fait de tout ça, donc de toute évidence, le père Canterbury était bien meilleur pour moi qu’eux. Non, elle ne semblait pas comprendre que j’avais passé toute ma vie à essayer d’être l’enfant parfait pour cet homme qui m’avait offert une vie. Sans lui, où serais-je aujourd’hui ? Nulle part. Elle ne semblait pas comprendre et je commençais à la détester pour cela. Je ne l’écoutais plus, je savais qu’elle tentait de mettre mon père sur la voie de mon mensonge par omission.
De quel droit me forçait-elle à dire ces choses que je cachais depuis des mois, maintenant ? De quel droit elle décidait que le moment de faire cette douloureuse déclaration était venu ? Elle n’était nullement concernée, à ce que je sache. Ma vue était brouillée par les larmes et je n’eus aucun réflexe lorsqu’elle déposa ses lèvres sur les miennes. J’aurais pu la frapper, mais en aucun cas je n’en avais eu envie. Mon père gardait son air sévère mais n’était probablement pas aussi hors de lui qu’elle l’aurait souhaité. Il avait toujours su conserver son sang-froid en toutes circonstances, et les provocations d’une petite éhontée, comme il aimait à le répéter, ne lui faisaient aucun effet. Eliott me manquait déjà et la Percy d’avant, aussi, d’avant parce que, apparemment, cette fille-là n’avait plus rien en commun avec celle que je connaissais, qui ne se la jouait pas mêle-tout et ne faisait pas de coup bas. Car je le vivais comme une trahison, de mon secret, et j’en souffrais d’autant plus qu’elle était censée être ma meilleure amie. Vu la façon dont elle s’en allait sans tenir tête à mon père qui ne voulait plus que je la voie, je m’étais admirablement trompé sur son compte. Je fixai son dos tandis qu’elle se dirigeait vers la porte. « La rancœur est inutile, Joshua. Maintenant, il faut te confesser. Tout ira mieux quand tu auras avoué à Dieu tes fautes. Dieu est amour et il pardonne toujours, tu le sais. » Mes yeux se posèrent sur le visage de mon père. Les rides de son front trahissaient son inquiétude, à part ça, son expression était sereine et avenante. « Je ne peux pas en parler. Pas à toi. » Il m’observa avec davantage d’angoisse, inclinant la tête sur le côté, comme s’il pouvait lire en moi. Puis il passa sa main sur son visage et soupira. « Bien. J’ai un très bon ami en Angleterre qui sera content de t’accueillir dans son monastère le temps que tu trouves la paix. Tu auras moins de gêne à te confesser à lui. Tu partiras la semaine prochaine, afin que tu puisses démissionner et t’organiser. » J’acquiesçai en silence, résigné. C’était sans doute la solution idéale. Après tout, mon père avait toujours pris les décisions et il savait ce qui était bien pour moi, contrairement à Percy. Ça me ferait grandir, c’était une idée si chère pour elle. |
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