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| Tristen & Reagan ▬ les histoires vivent toujours s'il y a quelqu'un pour les écouter. | |
| Auteur | Message |
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▲ Messages : 14
▲ arrivée le : 13/01/2012
| Sujet: Tristen & Reagan ▬ les histoires vivent toujours s'il y a quelqu'un pour les écouter. Dim 15 Jan - 18:28 | |
| „Leshistoiresviventtoujourss'ilyaquelqu'unpourlesécouter“ Pour la saison, le temps était beaucoup trop clément pour rester enfermé toute la sainte journée. C’est dans cet état d’esprit que j’avais pris une rapide douche. Il n’y avait pas de temps à perdre : ça faisait plusieurs jours que je n’avais rien écris, peut-être que les rayons du soleil et le fait de prendre l’air me donneront peut-être assez d’inspiration pour poursuivre mon travail tout au long de la journée. Me préparant rapidement, je prends de quoi écrire et assez d’argent pour pouvoir m’acheter de quoi manger quand viendra l’heure du repas, ne sachant pas encore si je rentrerai ou si je resterai à l’extérieur. Mais avant toute chose, un petit-déjeuner bien mérité au maclaren’s s’imposait ! Prenant mes clés, je ferme tout à double-tour derrière moi avant de me mettre en route pour mon bar favori. Me connaissant, je sais que rien qu’en observant les différentes personnes qui s’y trouveront déjà, je suis capable de prendre une nouvelle feuille et de m’inspirer de quelqu’un pour essayer de deviner sa vie, pourquoi il est là aujourd’hui, à cette heure, ce qu’il attend, ce qu’il prévoit ensuite. Réécrire son histoire, peut-être en mieux, peut-être en beaucoup moins bien ; mais ça me faisait toujours des trames de personnages que je pourrais réutiliser dans des romans à venir, qui sait ?
Passant la porte du bar, je balaie des yeux le peu de monde qui se trouve présent à une heure aussi matinale, mais c’est lorsque mes yeux arrivent à portée du comptoir que j’aperçois un jeune homme qui, de dos, me semble familier. Mieux vaut encore s’avancer plutôt que de parler à la mauvaise personne, après tout, il ne peut que lui ressembler. Laissant glisser la lanière de mon sac le long de mon épaule afin d’avoir celui-ci dans les mains, je m’avance moi aussi vers le fameux comptoir avant d’accoster le barman. « - Bonjour. Un café latté, s’il vous plaît. »Je replace une mèche de cheveux derrière mon oreille mais, sentant un regard, je tourne ensuite la tête vers la même direction où j’aurai juré apercevoir le jeune homme de la dernière fois. Et tiens, je ne me suis pas trompée ! Je lui souris doucement avant de me permettre de lui faire la bise, et secoue la tête. « - Salut ! Décidément, ce bar va finir par être notre point de ralliement. » Je lâche un petit rire avant de tendre les mains pour m’emparer de la tasse de café que le barman venait de me servir, le remerciant.
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| Sujet: Re: Tristen & Reagan ▬ les histoires vivent toujours s'il y a quelqu'un pour les écouter. Dim 15 Jan - 19:37 | |
| Mes yeux s'ouvrent, sous la pression du rayon de soleil qui traverse mon rideau. Je me les frotte brièvement et, enroulé dans la couverture, je me lève. Il me faut à peine vingt minutes avant de sortir de la salle de bains, douché, rasé, vêtu d'un costard blanc. Je n'ai pas eu le temps de passer à la laverie. Je m'attable devant un bol de céréales que je viens de me préparer et, dans le silence le plus complet, pesant, je mâche les morceaux de mon petit-déjeuner. Cette monotonie me fatigue, autant qu'elle me ravie. Apercevant l'horloge accrochée au mur de la cuisine, je laisse les couverts en plan, me rue sur ma veste, mes chaussures, mes clés et je finis par sortir de mon petit appartement. J'aime prendre un verre au MacLaren's, avant de rejoindre l'hôtel pour un énième travail ennuyeux. Heureusement que le salaire reste correct, bien qu'au vue des tâches que j'accomplis chaque mois, il pourrait connaître une hausse. Je salue la voisine qui, comme chaque matin, confie son chien au voisin. Je cours dans l'escalier, manquant de tomber à deux reprises. Arrivé au bas de l'immeuble, je m'autorise un souffle désinvolte. Je m'engage dans la rue, croise les regards attendris, pour une quelconque raison, de certains habitants et, d'une rapidité rare, j'atteins le pub.
Je pousse la porte, non sans cracher un juron sur mon passage. Le patron, qui me voit, me fait signe de m'approcher. Je ne me fais pas prier. Je m'installe au comptoir, commandant un café crème. Il sait que je ne commande jamais de café crème. D'une voix lasse, il m'interroge. « Tu vas bien, mon gars ? » Je pourrais répondre et mentir, mais je préfère me confesser, comme à l'époque où je confessais mes péchés au prêtre. Je chasse cette pensée soudaine, obstinée à garder le secret sur mon ancienne vie. Si quelqu'un me connaît, il me connaît uniquement d'après le Tristen que je suis devenu. Une personne complètement athée, individualiste et anti-conformiste. Mais malgré tout cultivée, polie, souriante. Je n'ai jamais caché mon coeur, je n'ai jamais fait mal, réellement, aux individus que j'ai rencontré. J'essaie de refouler mes défauts, bien que ce soit difficilement aisé. J'ai systématiquement besoin de revenir à moi, à ma personne, de braver les lois, les interdits. J'ai envie de me sentir plus vivant, j'ai envie que l'on me remarque, que l'on sache que non, je ne me suis jamais laissé marcher sur les pieds et que, même né d'une famille croyante pratiquante, j'ai réussi à m'en sortir, à affirmer mes opinions - qu'elles soient religieuses ou autres, d'ailleurs. Le patron passe une main devant mes yeux, comme pour me réveiller. J'ai oublié sa question. Je mets un temps infini à m'en souvenir, jusqu'à lâcher. « Je fais aller. » Mentir a repris le dessus. Parce que non, je ne fais pas aller. Je ne vais pas bien. Ces temps-ci, j'ai envie de changement, de tout plaquer, de tout recommencer. Recommencer ma vie. Comme je l'ai fait à dix-sept ans. Je me rends compte que je ne suis pas fait pour la sédentarisation, j'ai affreusement besoin de renouveller mon air, le plus souvent possible. Il m'observe, me scrute sous tous les angles. Et il renonce. Il sait que je suis dur, que je ne crache pas mes émotions d'un coup, qu'il faut me les arracher. Et il ne veut pas de ça. Ce patron, c'est un chic type. À bien y penser, il aurait pu être patron de l'hôtel, dans lequel je travaille. Avec lui, j'aurais eu une promotion. C'est un homme honnête, loyal. J'en suis convaincu. Je bois une gorgée de mon café, reporte mon attention sur les autres clients. Ils m'épient, ils ne m'ont jamais compris. Certes, ils me respectent. Mais au fond d'eux, ils attendent que je me casse. Que je ne remette plus les pieds dans leur repaire. Je sais que je ne suis pas comme eux, accro à la bière, accro aux cartes, à la drague. Ils m'ont toujours dit que j'ai fait une erreur, que je n'ai pas choisi le bon bar. Qu'importe. Je sais, moi, que je n'ai fait aucune erreur. Je sais qu'à l'autre, je me sentirais moins chez moi, même si ici, ce n'est pas chez moi - et ça ne le sera jamais. Je déraille, je m'égare, je me perds à l'intérieur de ma tête, de mes pensées. J'écoule mon café, en laisse une ou deux gouttes. Je n'aime pas les fins des cafés, elles sont amères.
Un bruit attire mon attention. C'est la porte, qui me laisse apercevoir une jolie tête rousse. Elle m'est familière. Je la connais. De près. Il me semble même l'avoir rencontré dans ce pub. Je détourne le regard, cherche la table où je me suis assis, face à elle, après avoir trouvé une excuse minable pour entamer la conversation. Où j'ai découvert que c'est une artiste, une vraie, une dame, une vraie. Où j'ai été troublé, par ses traits, et la vivacité de son regard, à elle. Où j'ai découvert un sentiment dont le nom m'échappe. Il ne me donne pas envie de le retrouver, d'ailleurs. Je ne sais pas pourquoi. Je reporte mon attention vers la porte, mais elle n'est plus là. Déçu, je me retourne vers l'étagère des boissons, face au patron, qui me sourit. Il m'a vu, regarder la demoiselle. Il m'a vu, regarder Reagan. Je me souviens de son prénom. Je ne me souviens jamais des prénoms, d'habitude. Je finis mon café, je me prépare à partir. Oublier l'intervention de Reagan. Si elle veut parler de son roman, elle viendra à l'hôtel, elle a la carte. Néanmoins, je n'ai pas le temps de me lever, qu'elle s'avance me faire la bise. « Salut ! Décidémment, ce bar va finir par être notre point de ralliement, » me dit-elle en terminant par lâcher un rire. Sur le même ton, plutôt guilleret, je lui réponds. « En effet. Vous allez bien ? Où en est votre roman ? De quoi parle t-il ? Nous nous étions arrêtés là, il me semble. » Je me sens légèrement philosophe, le maître de la situation, ce qui me fait sourire. Honnêtement. Réellement. |
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| Sujet: Re: Tristen & Reagan ▬ les histoires vivent toujours s'il y a quelqu'un pour les écouter. Lun 16 Jan - 20:03 | |
| Même si la fraîcheur matinale est toujours agréable, il n’y a pas de doute, c’est avec un soupir de soulagement que je passe la porte du MacLaren’s. Me débarassant rapidement de mes affaires, je passe commande avant de reconnaître Tristen, déjà aperçu ici la dernière fois, chose que je lui rappelle d’un ton plutôt malicieux. « - Je vais bien et t-vous ? » Me repris-je tout en souriant. J’ai l’impression de l’avoir quand même pris de court, mais je ne m’en tiens pas rigueur ; s’il devait aller travailler alors je le laisserais filer, après tout s’il m’a donné sa carte la dernière fois, c’est bien pour que ça serve à quelque chose. Même si je pourrais avoir la hantise de le déranger sur son ‘territoire’, ou bien encore de me sentir mal à l’aise à dévoiler une partie de mon univers, si ce n’est mon univers tout entier, alors qu’il y aura sans doute pas mal d’inconnus autour de nous. Je sais que pour le moment, Tristen en reste tout de même un, mais j’ai le sentiment que lui, c’est différent. Il n’a pas fait semblant de s’intéresser à ce que je faisais, comme tous ses gros lourdeaux qui ne se servent que d’un seul prétexte pour entamer la discussion, et obtenir ce qu’ils veulent ensuite, pour finir par se sauver comme des voleurs. Soufflant sur ma tasse de café, je la prends délicatement entre mes mains avant d’en boire une petite gorgée, assise de biais sur le tabouret qui se trouvait près de lui. Je ne savais pas si c’était mon manque personnel de sommeil, ou même si c’est ma curiosité qui me faisait croire à tout et n’importe quoi, mais j’aurais juré que quelque chose se détachait de lui. De la nostalgie peut-être ? De la mélancolie ? La question de savoir si tout allait réellement bien me brûlait les lèvres mais pourtant, je ne la posais pas. Certainement parce que je savais que ce n’était pas à moi de lui demander ; ça n’était jamais que la deuxième fois que l’on se rencontrait, et les deux fois tout à fait par hasard qui plus est. Peut-être même qu’il n’a pas envie d’en parler ou qu’il n’a rien du tout ; que c’est moi qui finis par me faire des films, à essayer d’imaginer constamment la vie des gens qui m’entourent.
Revient ensuite indéniablement dans ma discussion le sujet de mon livre, ce qui me console dans l’idée que j’ai au moins rencontré quelqu’un qui s’y intéresse réellement, et je dois dire que ça me fait chaud au cœur. Je ne prétends pas être un génie de l’écriture mais tout de même, j’ai quelque chose à dire. C’est toujours mieux lorsqu’il y a aussi quelqu’un pour l’écouter. Ce qu’on a à dire. Lui faisant un petit sourire, je hoche la tête avant de commencer à chercher mes mots dans ma tête pour pouvoir lui expliquer le plus clairement possible. Déjà que c’est un projet assez brouillon pour le moment…Je n’en suis qu’aux balbutiements. Mais j’imagine que demander l’avis de quelqu’un, il n’y a rien de mieux pour se motiver à poursuivre son travail. Reposant ensuite mon regard sur lui, je prends une petite inspiration, tout de même un peu nerveuse. « - La rancœur. Ce que j’espère faire avec ce livre, c’est laisser qui veut bien le lire se questionner lui-même : savoir si la rancœur et les regrets valent réellement quelque chose en ce bas monde. Je veux dire, on est encore jeunes, mais la vie est si courte que se prendre le ciboulot avec des sentiments si bas, n’en vaut pas la peine. »Je finis mon intervention par un petit haussement d’épaules. Il n’est pas obligé de partager le même point de vue que le mien, après tout c’est bien selon mon propre ressenti que je me suis mise à écrire une ligne, puis deux, puis un paragraphe entier. Baissant les yeux vers ma tasse de café, je la repris pour boire une nouvelle gorgée. La température restait chaude sans être bouillante pour autant, en bref pas comme tout à l’heure ; mais un café glacé, je ne connaissais rien de plus horrible que ça. « - C’est gentil à vous de vous y intéresser, en tout cas. La plupart du temps, quand les gens me demandent ce que je fais et que je leur réponds que je passe de bonnes heures à écrire, je peux clairement voir dans leur regard le ‘pauvre fille, jamais elle ne gagnera sa vie avec ça’. » Ce que les gens pouvaient être étroits d’esprit, parfois. Cela en arrivait même à être navrant mais après tout c’était leur problème, et pas le mien.
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| Sujet: Re: Tristen & Reagan ▬ les histoires vivent toujours s'il y a quelqu'un pour les écouter. Lun 16 Jan - 21:01 | |
| Je souris à mon interlocutrice, qui ravale le tutoiement qu'elle a osé sortir de sa bouche, d'entre ses lèvres méritant de connaître l'expérience d'une cigarette. Je sais qu'elle n'en a jamais pincé, ses lèvres ne sont pas plissées, ni abîmées. Elles sont parfaitement lisses, le rouge à lèvres leur ajoute un charme. Décrochant de mes pensées en soupirant légèrement, je réponds. « Je vais bien, merci. » Je ne comprends pas avec quelle facilité je peux lui mentir, elle qui me semble si différente des autres, plus généreuse sûrement. Je ne comprends pas comment pourquoi la réponse que j'ai faite au patron a été plus ambiguë, mieux tournée, moins directe. Avec Reagan, je n'ai pas hésité. Je sais pourtant que ça aurait dû être le contraire. Mon personnage l'inspire t-elle peut-être. Ma vie l'intéresse t-elle. Je commence à me faire des films, me monter des idées saugrenues dans la tête. J'ai envie de souffler, inspirer et expirer, déstresser. Je me sens mal, mal à l'aise. J'ai envie de fuir, encore. J'ai envie de tout foutre en l'air, de me casser, de reproduire la même chose qu'à mes dix-sept ans. Je commence à étouffer, ici. Je commence à me sentir oppressé, seul peut-être, aussi. Subitement, je colle mes lèvres contre celles de Reagan. Un instinct. Un instinct... Sauvage. Mais ça ne dure pas, je reprends le contrôle et je m'excuse, prêt à prendre la porte si elle le souhaite, je comprendrais. Je ne sais pas ce qui m'a traversé l'esprit, la tête, les pensées. Je ne sais plus ce qu'il se passe, là-dedans. J'ai peut-être toujours été perdu, au fond. Je n'en sais rien.
Je me reconcentre sur son don, son talent pour l'écriture. Je sais qu'elle a un don, je le sais, c'est indéniable. Elle ne parlerait pas de son bouquin avec autant d'étincelles dans les yeux, elle ne se gênerait pas pour montrer ses oeuvres. Son âme d'artiste me fait sourire. Alors je souris, bêtement. Je ris presque. Et je l'écoute, attentivement. Je reprends mon sérieux, mon calme, ma placidité mais, surtout, ma lucidité. Je suis Tristen Andy Eastwood, habitant de New York. Âme en peine, bientôt rétablie. Je ne dois pas me laisser avoir par mes sentiments. Toujours me contrôler, est ma nouvelle devise. L'ambiance se refroidit, alors qu'elle s'était réchauffée. Je tourne la tête, regarde les clients du bar, guillerets, pour une heure pourtant très matinale. Je vérifie mes messages, j'aimerais devoir partir travailler. Si je n'ai pas d'appel, c'est mauvais signe, je peux rester, je dois rester, lutter contre l'ennui. En temps normal, je ne sais pas si j'aurais dit ça. Je me surprends, ces temps-ci. Moi-même, tout seul. Après ses remerciements, je la remercie à mon tour, de m'accorder sa confiance. Je sais que ce n'est pas facile de parler à un inconnu, sur un sujet aussi sensible qu'une passion. Enfin, ma voix s'élève, dûrement, comme pour cacher ma souffrance, la souffrance qui se cache derrière mes propos. Son titre me donne envie de tout cracher, de tout balancer, de tout révéler au grand jour. Je ne suis pas que Tristen. Je ne suis pas New Yorkais. Le coeur n'y a jamais été. Je viens de Chicago, c'est ma ville, ma ville natale. Je n'aurais pas dû la quitter, j'aurais juste dû demander un appartement, de rester vivre là-bas. J'ai fait une belle connerie. Même si à New York, j'ai fait de belles rencontres. « Regretter, c'est la nature essentielle de l'être humain. Regardez-moi. Je suis quoi ? Un type qui s'intéresse aux gens ? Non. Je m'en fous des gens, je m'en fous de ce que vous écrivez, de votre bouquin à la con. Je m'en fous de tout. J'ai juste ces putains de regrets dans le coeur, dans les tripes, qui m'empêchent de faire mon chemin. Alors, c'est triste à dire, mais je vis à travers les autres, à travers vous, par exemple. Mais ce n'est pas vous qui m'intéressez. Vous n'êtes qu'une femme, j'aurais pu parler avec tant d'autres. Je ne vous défendrais pas sur les préjugés qu'on a de vous, je m'en fous. Vous, vous avez une vie heureuse. Vous êtes épanouie. Où sont vos parents ? Entrain de vous attendre, pour le déjeuner. Moi, ils m'ont viré. Ils m'ont viré, parce qu'on n'a jamais eu les mêmes valeurs, eux et moi. Je m'en fous de la religion, de croire en Dieu ou je ne sais quoi. Pour eux, c'est vital. Pas pour moi. Et si j'ai un regret : C'est d'être différent. Retenez bien ça, Reagan. C'est la base-même des regrets, selon moi. Maintenant, si vous voulez bien, je vais travailler. » Je n'ai pas senti la colère monter, la contradiction avec mes sentiments. C'est fait, c'est dit. Et, j'ai honte, mais je ne regrette pas. Finalement, je pense tout ce que j'ai dit et je me retrouve. Moi. Tristen Andy Eastwood. Je me lève de mon tabouret, sous les yeux interloqués des différents clients. Qu'ils aillent se faire voir. Je commence à tourner les talons, et, plus furieux que jamais, sans en déceler les raisons, je me retourne : « Je vais aller boire au Central Perk. Ils sont peut-être plus... » Je laisse ma phrase en suspens, je les laisse s'imaginer ce qu'ils veulent. Ce n'est pas mon problème. Mes yeux se posent sur Reagan, mon portable, Reagan. Et j'attends, comme un con. Les bras sur mon torse, les jambes croisées, debout, dans l'entrebâillement de la porte. J'attends quoi, au juste ? Je ne sais pas. Mais à cet instant précis, je me sens à nouveau vide. Je me sens mieux. Je ne suis pas fait pour vivre en société. C'est un pressentiment. |
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| Sujet: Re: Tristen & Reagan ▬ les histoires vivent toujours s'il y a quelqu'un pour les écouter. Sam 21 Jan - 17:38 | |
| Je ne le connais pas beaucoup, mais mine de rien ça me faisait plaisir de le revoir, non seulement parce qu’il avait été le seul depuis bien longtemps à s’intéresser à ce que je fais, mais aussi parce que d’une certaine manière, j’ai envie de continuer à parler avec lui. De tout, et de rien. Je ne suis vraiment pas sociale en temps normal, mais là ce n’est pas la même chose. Alors que je commande mon café et entame la discussion, je réponds à sa question et relève les yeux vers lui alors que rapidement, ses lèvres s’écrasent sur mes lèvres. Écarquillant légèrement les yeux, je le regarde alors qu’il s’écarte, et je ne peux m’empêcher de pincer un peu mes lèvres. « - Et bien…Moi aussi je suis contente de te revoir ! » Je lance pour détendre un peu l’atmosphère, avant de prendre une gorgée de mon café. Puis je me lance enfin, je parle de mon livre, et pour quelqu’un qui n’aime pas tant que ça parler, communiquer avec les autres, je trouve que j’en débite pas mal – peut-être trop ? Je fronce les sourcils au fur et à mesure de sa réplique, mais je ne me vexe pas pour autant. Je crois que la question : «est-ce que j’ai dit quelque chose de mal ?» ne se pose même pas, tellement elle paraît évidente. Mais le hic pour lui, c’est que plus j’en entends, plus j’ai envie de le connaître. Je ne tique même pas à tout ce qu’il dit ; parce que d’un côté, il avait raison. J’avais toujours regretté le fait que mon père ne soit pas aussi présent que je l’aurais souhaité pour nous, mais ça ne restait quand même pas assimilable ; ils ne m’avaient jamais tourné le dos. Baissant les yeux vers ma tasse à café, je tourne presque nerveusement cette-dernière contre les rebords de céramique avant de prendre une légère inspiration, pour lui répondre. Peut-être qu’il ne va même pas me laisser le temps de finir, mais au moins, on ne pourra pas dire que je l’ai laissé s’emporter sans rien faire, que je l’ai seulement observé tout en restant de marbre. « - Je pense aussi que les regrets fondent l’homme, mais pas dans le même sens que votre opinion. Ce qui fait partie de notre passé, on en fait ce qu’on en veut, au fond. Ma vie n’a pas toujours été très rose tous les jours, mais c’est vrai que comparer nos deux vies serait quand même assez hypocrite de ma part, puisque je n’ai rien pour ‘rivaliser’ avec ce que vous avez vécu. Mais vous ne pouvez pas trainer ça comme un fardeau. Je veux dire – c’est pas bon. Il faut extérioriser tout ça, mais ce n’est pas à moi de le faire. Ou peut-être bien que si je n’en sais rien, c’est à vous de voir. En tous les cas, vous ne devez pas laisser votre passé vous rattraper. Et même si ça sonne horriblement cliché ce que je m’apprête à vous dire : peut-être qu’eux aussi, ils regrettent. Vous êtes quand même leur fils, et même si la religion occupe une place importante dans leur vie, ça n’est qu’artificiel comparé à ce que v-toi, tu représentes. » J’ai opté pour le tutoiement, au dernier moment. Une manière de rendre ma pensée un peu plus sincère et directe, certainement. Peut-être que ce que je viens de rajouter allait le picoter quelque part, le déranger, le mettre encore plus en colère qu’il ne l’est déjà.
Mais tout ce que j’avais senti quand il m’avait ainsi brièvement dépeint sa vie, c’était de la frustration. Il avait envie de se confier, c’était évident. Et même si je n’avais rien à redire dans ses propos, il pourrait toujours le faire avec moi. Pour peu que je serve à quelque chose, moi, je suis toujours contente. L’écriture l’aiderait lui aussi peut-être, comme une thérapie pour se débarrasser de tout ça, en posant des mots sur les maux. Je le regarde se lever et se diriger rapidement vers la porte. Je ne cache pas un soupir ; je ne suis pas vexée, plutôt gênée pour lui. D’ailleurs, ça ne me ressemblerait pas de le laisser partir comme ça, sans rien dire, sans rien faire de plus pour le stopper. Je relève les yeux d’un des points invisibles de la salle, là où j’avais logé toutes mes pensées, lorsqu’il lance d’une voix haute et claire que maintenant, ce n’est plus ici mais au Central Perk qu’il irait. Tournant mon visage vers l’assistance, je fronce une énième fois les sourcils en constatant qu’il n’y en a pas un qui bouge, qui ne prend pas la même d’ouvrir la bouche, ils sont tous juste là à le regarder comme des merlans fris. J’ai toujours apprécié ce bar et je m’y suis assez rapidement fait ma place mais à ce moment là, je ne peux pas m’empêcher de les traiter d’abrutis dans un coin de ma tête. Pinçant mes lèvres entre elles, j’ouvre mon sac et en sors rapidement un bout de papier et un stylo avant d’y noter mon numéro de téléphone. Je paye aussi mon café, sûrement beaucoup trop pour le prix qu’il coûte mais je glisse rapidement au barman de garder la monnaie. Pour ce que j’en ai à faire, de toute façon ; et glissant rapidement de mon tabouret, je remis la lanière de mon sac sur mon épaule avant de me diriger vers Tristen. « - Je n’abandonne pas si facilement, Mr. Eastwood.» Lui dis-je tout en lui tendant le papier où se trouvait mon numéro. Croisant les bras, je viens m’appuyer contre un mur près de la porte et regarde quelques secondes autour de nous avant de reposer mon regard sur lui. . « - C’est toi qui vois. Soit on continue cette discussion à ton hôtel, soit je reprends ma route.» Je me surprends moi-même de mon ‘audace’ si on peut appeler ma réaction comme cela sur ce coup-là mais après tout, je sais que ce n’est pas en restant les bras croisés au comptoir que j’aurai pu avoir le juste mot sur cette situation.
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| Sujet: Re: Tristen & Reagan ▬ les histoires vivent toujours s'il y a quelqu'un pour les écouter. | |
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