« Zéphir, t'es pas comme les autres toi, t'es un mec bien, hein ? » et on rigolait, tous les deux. On rigolait ensemble comme deux gosses qui venaient de faire une connerie mais on ne rigolait sûrement pas pour la même chose. Moi, je rigolais parce que je suis comme les autres, je disparais d'un lit aussi facilement que je suis apparu dans leur vie. Je rigolais parce qu'elle aussi était comme les autres, naïve et conne, ouais conne. Conne de croire que malgré ma gueule d'ange, j'étais comme les autres, un pauvre connard qui passe ses nuits sur les oreillers de parfaites inconnues à satisfaire un plaisir que tout homme jouit de celui-ci et qui vit du fric de ses parents. Car bien sûr, je suis né avec une cuillère en argent dans la bouche, un fils à papa, gosse de riche ou encore fils de comme on le dit si bien. « T'as compris, j'suis pas comme les autres non. » et j'avais encore menti, une fois de plus. Je mentais souvent à ces filles qui me demandaient de rester avec elle toute leur vie en leur répondant oui. J'eus un rictus, je trouvais ça tellement con de dire oui. Je pourrais être franc et dire "non" une seule petite fois pour ne pas les faire espérer. Je ne sais pas, peut-être que j'en ai pas le courage et que j'ai peur qu'elle me frappe à coup de sac à main et de talon aiguille. Je suis un connard, un fils de p*te. J'assume complétement ce titre de coureur de jupon puisque je me le suis auto-proclamé, la seule chose que je n'assume pas, c'est de dire à ces filles le fameux "non". Sa tête blonde était posée sur mon torse encore nu de la veille et sa main parcourait mon corps en me faisant frissonner. Son visage se dirigea vers le mien avant qu'un sourire se dessine sur celui-ci. Je le lui rendais en faisant de même et elle riait pour une raison qui n'était pas mienne. Son rire aiguë me prenait la tête et perçait mes oreilles comme une petite fille devant ses poupées Barbie. Elle me regardait, le sourire fixé à ses lèvres et le regard posé sur mon visage avant de grimper à quatre pattes sur moi. Mes mains se dirigèrent inconsciemment sur son bassin recouvert d'un bout de tissu en dentelle blanche et mes lèvres rencontrèrent les siennes pour une énième fois. Elle me faisait un truc cette fille, cette inconnue. Je ne pouvais pas rester là avec elle, j'allais encore une fois de plus m'enfuir de chez elle pendant qu'elle se préparerait à une nouvelle journée. Je n'y crois pas à l'amour moi, je trouve ça tellement superficiel et pathétique, l'amour. On ne peut pas vivre en partageant sa vie, on ne peut pas admirer l'autre, on ne peut pas chérir l'autre toute sa vie. On ne peut pas aimer, du moins, pas éternellement.