C’était pourtant une journée comme les autres. Comme chaque soir, alors que mes parents, trop occupés à juger des assassins, n’étaient pas à la maison, je ramenais chez moi Gina, ma petite amie. Ça y est, on avait enfin décidé de sauter ce pas. A vingt ans, c’est quelque chose de normal de coucher avec la personne qu’on aime, non ? Bien sûr, je n’étais pas vierge. Mais avec une fille, je ne l’avais encore jamais fait. Une grande première. Je l’attendais, impatiemment, n’attendant qu’elle. Puis, au bout de cinq minutes à stresser, à appréhender cette étape, la sonnette de la porte retentit. Je me ruais vers celle-ci pour l’ouvrir. J’eus à peine le temps de saluer Gina que celle-ci s’accrochait déjà à mon cou. Je passais mes mains autour de sa taille, et refermait la porte avec le pied. Aucun mot ne se faisait entendre, mais la passion de nos deux corps était bien présente. Je l’embrassais tendrement, ses lèvres, son cou, et doucement, je passais mes mains sous son tee-shirt, pour finir par l’enlever. Je l’allongeais sur le canapé, la gardant contre moi. Je me sentais bien avec elle. Elle allait m’enlever ma chemise, quand un bruit retentit. « Aubrey Leo O’Neil ! Peux-tu m’expliquer ce que tu fais là ? » Sans perdre un instant, je relevais la tête, et me levais du canapé. « Maman attends je… Je vais tout expliquer… » J’eus à peine le temps de finir ma phrase que la main de ma mère vint se poser violemment sur ma joue. Je faisais signe à Gina de sortir, et au même moment, ma mère me regarda. « Monte faire ta valise, tu ne vis plus ici désormais, tu n’es plus ma fille. » Elle dit ces mots comme si elle les avait préparés, qu’elle savait qu’elle allait devoir les dire. Je montais dans ma chambre, sans dire un mot. Je prenais mon temps, attendant que mon père rentre. Mais quand celui-ci arriva, et que je descendis, il ne dit pas un mot, me laissant m’en aller, comme ma mère me l’avait demandé.

Je venais d’emménager à New York. Enfin emménager, c’était un bien grand mot. Je vivais en réalité dans une espèce de squat pour les gens sans emploie. Stupide ? Oui. Surtout que je venais d’une famille avec des revenus au dessus de la moyenne. Mais l’argent que mes parents m’avaient laissé, je l’avais utilisé pour me payer des études en médecine, et je finançais ce qu’il restait en travaillant comme serveuse au Mac Larren’s, un bar côté. J’étais assez studieuse, donc je n’avais pas trop de soucis à récupérer là où mes études en Louisiane s’étaient arrêtées. Là où je vivais, j’avais rencontré des gens différents de ce que j’avais l’habitude de fréquenter. Bien sûr, j’avais tiré un trait sur mon histoire avec Gina, je n’avais même pas pris le temps de l’appeler, encore moins de lui dire au revoir. Les gens qui vivaient dans le même endroit que moi, n’avait rien à voir avec les petits fils-à-papa que j’avais l’habitude de fréquenter. Non, à eux, leur mot d’ordre, c’était Carpe Diem. Et ça m’allait. Je réussis à m’y adapter facilement. Et cela m’aidait pour la médecine. Seulement bien sûr, tout n’était pas toujours rose. Un soir, un jeune homme, dénommé Ethan, vint me voir. Il avait mon âge, et était un vrai fêtard. « Une bouteille de vodka pour deux, ça te dit ? » Je n’avais jamais bu une goutte d’alcool de ma vie, et je n’avais pas vraiment l’intention de commencer. Je le regardais en faisant non de la tête. Il s’approcha alors de moi, et passa son bras autour de mon épaule. « Regarde les étoiles, elles brillent ? Et bien dis toi qu’avec un peu d’alcool, elles brilleront encore plus. Et on est dehors, il fait froid, l’alcool ça réchauffe. Et j’ai vraiment pas envie de boire tout seul. » Ses arguments étaient tellement nuls qu’ils me faisaient pitié pour lui. Je pris alors sa bouteille, et en bu une gorgée, puis deux, puis trois, et c’est un ainsi que le cercle infernal commença. J’avais pris goût à l’alcool, comme certains prennent goût à la clope, ou à la cock. Je ne pouvais plus m’en passer. Mais bizarrement, cela n’eut aucun impact sur mes études.

Je travaillais désormais le soir au Mac Larren’s, après les cours de la fac de médecine. C’était pratique, et adapter, mais je ne rentrais pas toujours très tôt, car tous les soirs, il y avait des gens plus ou moins intéressant, ou drôle, enfin toujours une bonne excuse pour ne pas rentrer. D’ailleurs, un soir, une belle blonde avait fait son entrée dans le bar. Elle était vraiment belle, et me rappeler un peu la fille à cause de laquelle je me retrouvais ici. Mais apparemment, je n’étais pas la seule à avoir remarqué à quel point elle était, et avant que je puisse moi-même lui offrir un verre, un homme assez âgé, trop âgé pour elle me fit signe de venir et me chargea de lui offrir un verre de sa part. Elle avait eut le temps de commander déjà une bière, mais je lui servis tout de même une coupe de champagne. Elle n’avait pas l’air enchantée, mais elle fit abstraction de ma présence quand je lui précisai que c’était l’homme assis plus loin qui lui offrait ce verre. Et c’est à ma plus grande surprise que, lorsque je partis pour me remettre de l’autre côté du bar, elle m’attrapa pour se cacher de cet homme. Je souris à sa réaction, et, une fois que l’homme ait quitté le bar, je la regardais en retournant de mon côté du bar. « Bon, maintenant que tu es seule, je peux t’offrir quelque chose à mon tour ? » Lui demandais-je en prenant deux bières, dont une que je lui tendais. Elle avait des yeux magnifiques. Mais je n’en dis pas plus, et au bout de quelques bières, où j’étais complètement à la masse, elle me proposa de venir vivre chez elle. Et bien sûr, je ne pouvais pas refuser. Et c’est la fabuleuse histoire de comment j’ai rencontré Eleanor, qui est ma colocataire, et qui était et est toujours mon béguin du moment.

Ça y est ! Finie la fac ! À moi l’internat ! Fini le petit bouleau de merde au Mac Larren’s ! J’avais enfin été admise pour être interne en chirurgie. J’avais donc été boire un verre au bar où je travaillais pour fêter ça, avec les autres nouveaux internes. Mais la personne avec qui j’avais vraiment envie de fêter ça, c’était Eleanor. Du coup, je m’empressais de rentrer à l’appartement. Tout était éteins, elle devait dormir. J’espérais qu’elle n’était pas encore avec un autre garçon. Je n’aimais pas qu’elle ramène des mecs à la maison. Je préférais savoir qu’un jour, peut être, je pourrais enfin l’avoir pour moi. Alors, comme à mon habitude, je me faufilais dans sa chambre, prétendant cette fameuse peur de dormir seule. Elle était éveillée, elle m’avait fait peur, mais au moins, elle était seule. Je m’allongeais auprès d’elle, au dessus des couettes. J’étais bien, je souriais. J’avais envie d’elle. Bizarrement. Je simulais donc d’être ivre, et je m’approchais doucement de son corps. Je collais alors mon visage au sien, sans dire un mot, et déposait un doux baiser sur ses lèvres. Baiser qu’elle maintenu, ce qui me rendit on ne peut plus heureuse, jusqu’au moment où elle se leva brusquement pour sortir de sa chambre en courant et partir dans le salon. Et voilà où j’en étais.